LES POUBELLES FRANCAISES DE FRED

LES POUBELLES FRANCAISES DE FRED

samedi 30 juin 2012

POLITIQUE, JERUSALISTE, GERMAIN, LATIN, MACHIAVEL, LIBERTE, FRANC-MACON, ECHO DES MONTAGNES, FREDERIC BERGER

Posted: 30 Jun 2012 01:27 AM PDT
Par Manuel De Diéguez
"Aucune difficulté ne saurait trouver sa solution à partir de la façon de penser qui y a conduit."
Albert Einstein
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1 – Les Germains et les Latins
L’heure est proche où la question de l’avenir de l’euro et de l’Europe va sonner au clocher de l’histoire d’une civilisation. Alors, la vérité la plus ancienne et la plus évidente se rappellera aux historiens et aux penseurs politiques enfin réconciliés. Car la séparation de nature entre les Germains et les Latins remonte au massacre des légions de Varus. Le premier, Tacite a opposé l’esprit de discipline et le civisme des guerriers d’outre-Rhin au naufrage des mœurs politiques des Romains et au relâchement des légions. Puis, l’empire romain germanique a tenu à bout de bras une Rome fatiguée des oies du Capitole.
Mais déjà l’humanité avait démonté l’incapacité viscérale des civilisations de conjuguer la vaillance et la simplicité de l’esprit public avec le progrès des sciences, des Lettres et des arts: après une gigantesque tentative de redressement de l’éthique du monde, le christianisme tardif a laissé un clergé gros et gras se vautrer dans les délices de Capoue; et l’on a vu une sainteté pompeuse et couronnée des lauriers du luxe impérial conduire à la ruine la première civilisation de la pensée critique que le monde ait connue, tellement le génie est solitaire par nature et tellement les églises haïssent le génie s’il ne chante pas dans le chœur. Puis le siècle de Louis XIV a paru marier un instant l’héritage individualiste des Lettres ancienne retrouvées et des sciences exactes ressuscitées; mais, dès le XIXe siècle, l’Allemagne a tenté de retrouver son hégémonie d’héritière des aigles romaines. La victoire de 1870 de Bismarck sur la France a été suivie de la guerre de 1914 à 1918, puis, vingt ans seulement plus tard, du sursaut titanesque des Germains qui les a conduits de Moscou à Tobrouk, de Paris à Athènes et de Narwick à l’île de Crète.
2 – Les malheurs de Siegfried
Mais, cette fois-ci, l’alliance des Etats-Unis, de l’Angleterre et du Vieux Continent n’a sauvé la civilisation latine qu’au prix de sa vassalisation sous le sceptre et le joug anglo-saxons. Depuis lors, l’Allemagne sait que si, près d’un demi siècle après le Général de Gaulle, elle chassait à son tour les deux cents garnisons du Nouveau Monde qui se sont incrustées à jamais sur son territoire et si elle poussait l’audace jusqu’à montrer sa route à la démocratie mondiale au Moyen Orient, elle dresserait le monde entier contre le débarquement effronté et intempestif de Siegfried surla scène internationale. Elle se trouve donc réduite, momentanément ou pour toujours, à réhabiliter sa glorieuse renommée de peuple sobre, travailleur et vertueux.
C’est pourquoi, comme au siècle de Tacite, on la voit serrer la haire avec la discipline et persévérer dans le chaste refus de ses ancêtres de cultiver les Lettres et des arts – il lui faut consacrer toute son énergie, pense-t-elle, à retrouver, une fois encore, l’éthique native et fruste des Germains. J’ai souligné à plusieurs reprises sur ce site qu’un peuple qui déserte le vocabulaire de sa propre langue et qui la livre à l’abandon au point de rayer purement et simplement de ses dictionnaires les mots de tous les jours d’une nation vieille de deux millénaires – on ne parle plus qu’un salmigondis franco-allemand en Germanie – qu’un tel peuple, dis-je, démontre son incapacité de féconder sur le long terme le destin civilisateur de ses écrivains et de ses penseurs, comme Goethe le soulignait déjà avec vigueur.
3 – L’Europe de la honte politique
Le raidissement des descendants d’Arioviste, qui entendent conjurer la débâcle économique et politique des Latins, nous ramène à Tacite, à cette nuance près, mais de taille, qu’entre temps le capitalisme s’est rué, soixante-dix ans durant, dans l’évangélisation d’une planète à l’écoute d’une utopie économique messianisée, à cette nuance près, mais de taille, que la victoire des démocraties sur le ciel des marxistes a conduit le capitalisme à un excès de rutilance, de pompe et d’étalage de ses chamarrures à faire pâlir d’envie les Romains riches de vingt mille têtes de bétail sous Tibère, Claude ou Néron; à cette différence près, mais de taille, que ce sont des Etats- vassaux qui tentent désespérément et in extremis de mettre un peu d’ordre dans leurs finances et leur système bancaire; à cette différence près, mais de taille, qu’une civilisation en retrait de la politique mondiale n’a plus de comptes à rendre au dieu Chronos et que le sauvetage de l’euro des caissiers lourdement assis derrière leurs guichets jette l’Europe entière dans l’arène de la honte.
Du coup, l’examen des fondements de la science historique et l’étude des méthodes de la pensée rationnelle se placent au cœur d’une anthropologie philosophique et critique. Il est évident que les peuples latins vont tenter, mais bien inutilement, de se coaliser afin de retarder la banqueroute d’une Europe au petit pied et réduite à une gestion précautionneuse de leurs affaires, il est évident qu’ils le feront sans changer de bésicles et de fauteuil, il est évident qu’aucune vision du destin d’une civilisation enrubannée de songes ne guidera leurs pas chancelants, il est évident que les démocraties ne disposent ni des institutions sévères, ni du mode de sélection drastique de leurs dirigeants de haut rang qui permettraient au Vieux Continent de marcher d’un pas ferme en direction de l’Asie montante. Raison de plus de fourbir, dans l’ombre propice des crépuscules, les armes d’estoc et de taille de la raison politique de demain. Les décadences permettent d’élargir l’horizon de la pensée, l’approche de la mort ouvre le champ d’une réflexion plus vaste, l’agonie de la grandeur donne une autre ampleur et un autre espace aux ultimes sursauts de la pensée philosophique.
Le texte qui suit commence par une modeste analyse anthropologique de la notion de problématique, donc de plateforme et d’échiquier de la raison politique régénérée avec laquelle l’Europe vassalisée a pris secrètement rendez-vous.
4 – En quoi l’ignorant "se" trompe-t-il ?
En politique, l’ignorance n’est pas celle qui entrave la pratique d’un ouvrier peu entraîné au maniement de son outillage, mais celle qui méconnaît à ce point sa propre nature qu’elle affiche spontanément et sans examen un savoir sûr de son pas, mais qui s’est trompé de terrain. Le pacte que l’ignorance de ce type conclut avec les certitudes les plus effrontément affichées exprime une alliance tellement trompeuse de la connaissance avec les signifiants censés téléguider a priori l’expérience qu’il est non seulement impossible de fixer des rendez-vous séparés aux faux jumeaux de l’action, mais que la maîtrise illusoire qu’affiche l’ignorance effrontée et censée "réussir" prend toujours et nécessairement l’avantage sur le savoir véritable; apprenez, les enfants, que l’erreur va son chemin le plus naturellement du monde, que l’erreur masquée et bien déguisée ne se gêne pas pour un sou de se parer des traits de la vérité, tellement elle croit sortir bien moulée des creusets du bon sens et de l’évidence.
Mais si l’expérience se proclame éclairée d’avance par les "lumières naturelles" censées la revêtir et dont elle se vante de porter allègrement la découpe, quelle gêneuse qu’une philosophie qui éteindra ce flambeau! Car cette soupçonneuse fait remarquer aux simples opérateurs combien il n’est de nul profit à l’erreur de se heurter à quelque obstacle, tellement le banc d’essai du vrai et du faux n’est pas l’établi du praticien: la vérité est toujours un signifiant, les signifiants se trouvent toujours préfabriqués dans les têtes qui croient les "vérifier" en tant que tels, les signes renvoient toujours aux constructeurs de l’entendement, les signes sont toujours des signaux pointés en direction du code qui les éclaire.
5 – La révolution des problématiques

Il ne suffit nullement à l’ignorance qu’elle s’avoue "trompée" si elle s’imagine seulement s’être égarée un instant en chemin, de sorte qu’elle se contenterait de retrouver ses prébendes – donc de remettre la main sur les bons de caisse qu’elle aurait perdus de vue par accident ou par malencontre. Car il se trouve que la vérité ne dénonce pas une erreur d’itinéraire, elle avertit l’ignorant qu’il lui faudra trouver le territoire qui placera la question sur un autre parcours, qu’il lui faudra entrer dans une signalétique de la question telle que des signes de la vérité recherchée mettront l’ignorant sur la route d’une réflexion sur les arcanes anthropologiques de la notion de signification, il lui faudra s’initier à d’autres coordonnées de l’interprétation rationnelle, il lui faudra changer de type même de raisonnements et d’assise du jugement, il lui faudra se donner une autre problématique et un autre échiquier du "profitable", il lui faudra armer son encéphale d’autres règles du jeu, il lui faudra se transporter sur une planète de la méthode dont les paramètres, les jalons et le balisage feront la nique aux topographes et aux analystes de la logique payante d’autrefois. Il en est dans l’ordre politique comme dans la science: l’Europe est à la recherche de l’assiette cérébrale qui la placera sur les chemins d’une autre problématique, qui seule permettra à un réseau de signifiants nouveaux de substituer leur cohérence interne et leurs référents à une scolastique de l’histoire des démocraties. C’est cela qu’Einstein tente en vain d’expliquer à Bergson: si le temps, lui dit-il, est une matière inconnue, mais malléable et dont les paramètres varient avec la lumière qui la transporte, comment la physique de l’univers démontrerait-elle ou réfuterait-elle des signifiants humains?
Certes, Einstein n’avait pas vocation de conduire la politique à la profondeur d’une connaissance anthropologique des rouages et des ressorts de l’histoire. Il disait que Dieu ne joue pas aux dés. Non seulement les physiciens prennent leurs équations pour des réponses, mais ils s’imaginent que les chiffres seraient l’alphabet secret de l’univers. Ils ne se disent pas que les ressorts psychiques qui faisaient qualifier d’aspirantes les pompes censées faire monter l’eau dans les puits – mais pourquoi seulement à une certaine hauteur? – n’ont pu se trouver démasqués comme mythiques que par un Pascal décidé à changer la plateforme mentale qui servait d’assise expérimentale à la physique du "vide" et du "plein" de son temps. Mais pour cela, il lui a fallu supprimer purement et simplement la notion magique d’ "aspiration", qui n’était qu’une sécrétion cérébrale inconsciemment greffée sur le concept religieux d’inspiration. De même, pour comprendre pourquoi la vérité ou la fausseté d’une politique ne se pèsent pas sur la balance d’une expérience qui servirait de pompe aspirante à la raison, il faut se mettre à l’écoute d’un démontage anthropologique des signifiants ensorcelés que notre espèce projette sans relâche tantôt sur les comportements constants de la matière, tantôt sur le train traditionnel de l’histoire. Alors, nous apprendrons à décrypter l’histoire cérébrale du simianthrope européen à l’aide d’une balance de la politique sur les plateaux de laquelle nos découvertes se nourriront de l’observation de l’encéphale olfactif de notre espèce. Comment une aiguille nouvelle se déplacera-t-elle sur le cadran d’une Europe à inventer.
6 – Les Brêmois et les Grecs
Il est un musée des crânes du Vieux Monde où l’on voit les prétentions de la cécité politique d’une civilisation emprunter les vêtements de la vérité pratique du moment et ne pas craindre de présenter pour preuve imaginaire de la justesse de ses dires l’apparat même de l’ignorance qui la trompe: pour expliquer à ses partenaires le danger de prêter de l’argent à la Grèce, Mme Merkel leur expose l’exemple de la ville-Etat de Brême. Cette brillante cité hanséatique, raconte-t-elle, s’était endettée jusqu’au cou – elle n’a été sauvée de la banqueroute que par l’intervention des autres Länder. Mais pourquoi ces apôtres au grand cœur se sont-ils hâtés de remplir derechef et à ras bords les caisses de la gaspilleuse?
Et pourtant, loin de se repentir, la malheureuse s’est hâtée de les vider de nouveau. Conclusion de la chancelière: jamais une débitrice confiante en l’escarcelle de ses créanciers ne se mettra en quatre afin de tenter de les guérir et à son propre détriment, du vice de vider leur gousset. L’expérience, dit-elle, a démontré que les banquiers se laissent fasciner en retour par l’éclat de leurs prêts évangéliques à de somptueuses courtisanes. Les prodigues enfantent à la pelle des dévots ardents à les gâter, ajoute la dame de fer. Et pourtant, l’expérience a également démontré que les Brêmois endettés sont d’honnêtes débiteurs.
Une fille de pasteur comme Mme Merkel pourrait s’exercer à la charité de replacer sans relâche le joyau brêmois dans l’écrin de la probité allemande. Comment ne convertirait-elle pas ce bijou à se parer des vertus des Germains dont Jules César souligne le réalisme? Ils n’adorent, écrit-il, que des dieux réels et visibles, tels que le soleil et la lune, tandis que, des autres divinités adorées de tout le monde, telles Mars ou Mercure, ils n’en ont même pas entendu parler. En revanche, il n’existe aucune chance raisonnable d’obtenir un résultat aussi heureux avec les Grecs d’aujourd’hui, et cela non point en raison de leur mauvaise volonté ou de la nature vicieuse dont ils se trouveraient affligés de naissance, mais, plus simplement, parce que le Dieu actuel, s’il existait davantage que ses prédécesseurs gaulois ou germains, renoncerait bien vite à changer l’âme et l’esprit des nations par la seule magie de ses saintes Ecritures.
L’ignorance de Mme Merkel ne se situe donc nullement sur l’échiquier de la psychologie pieusement expérimentale dont la démocratie chrétienne nourrit ses autels, mais sur la plateforme d’une méconnaissance abyssale de la problématique et de la signalétique qui servent d’assise à la psychobiologie si diverse des peuples et des nations. Beaucoup d’Allemands appellent la Chancelière la schwäbische Hausfrau – la ménagère souabe – sans doute parce que, dans sa première jeunesse, elle s’était initiée à la physique quantique, ce qui l’a sans doute conduite à substituer sans autre examen les trivialités de la mathématique économique tridimensionnelle d’aujourd’hui à celle de la relativité einsteinienne qui régit le cosmos. Où aurait-elle pris le temps de lire L’analyse spectrale de l’Europe du comte de Keyserling (1880-1946) , les ouvrages de Salvador de Madariaga (1886-1978) ou de José Ortega y Gasset (1883-1955) sur la France et sur l’Espagne, L’Histoire de la littérature anglaise en cinq volumes de Hippolyte Taine (1828-1893), la Démocratie en Amérique de Tocqueville (1805-1859) ou les réflexions du baron de Grimm (1723-1807) dans ses lettres en dix-huit volumes à Frédéric II?
7 – Le Platon de Talleyrand
Quel sera le champ nouveau qu’ouvrira à la pensée politique de demain la connaissance anthropologique de la psychobiologie des peuples et des nations? Un siècle et demi après Darwin, nous disposons d’un premier regard sur la hauteur à laquelle la pompe aspirante de l’évolution des espèces est réputée faire monter la réflexion sur la nature de notre encéphale. Certes, le puits du verbe comprendre demeure sans fond, mais notre regard, dispose maintenant de leviers miraculés – nos institutions économiques communes, notre discipline monétaire partagée, notre contrôle direct et impérieux de l’administration civile des Etats, notre fiscalité souveraine et centralisée, notre surveillance contraignante du budget de tous les peuples de l’Europe. Plaçons donc sur orbite une chimère allemande de ce calibre et demandons-nous si notre idée d’unifier la politique d’un continent polyglotte et polyconfessionnel est d’une puissance comparable à l’attraction que le vide exerçait sur la physique du Père Noël.
Car la maintenance des fondements psychogénétiques erronés de la politique dont s’aveugle la classe dirigeante de la planète nous ramène à l’analyse des égarements du vocabulaire des uns et des autres. Que nous enseigne la balance à peser la prétention politique originelle du simianthrope de connaître le monde et lui-même par le relais de ses yeux et de ses oreilles ? Ce vocable nous renvoie au latin praetendere, tendre devant soi le tissu du leurre et de l’erreur sur un monde pourtant dûment observé et minutieusement décrit en tant que tel, mais censé tenir un discours évidentiel aux oreilles des détoisonnés que vous savez.
Si Alain Rey, le découvreur de génie des "mots à découvert" (À mots découverts – Chroniques au fil de l’actualité, Robert Laffont, 2007) avait mis les mots latins autant à nu que ceux de la langue française, ce prospecteur de la philologie politique et de la pesée existentielle de la parole simio humaine aurait soumis la géopolitique à une radiographie simianthropologique. Car le latin dit: togam praetendere oculis, se couvrir les yeux de sa toge, se cacher le visage. Mais praetendere signifie égalementprétexter au sens d’alléguer une prétendue difficulté afin de se dérober hypocritement au spectacle de la vérité toute nue. Ignorantiam praetendere, c’est prétexterl’ignorance, c’est feindre au sens de tegere, qui fait textus au passé – nous retrouvons le Tartuffe de Molière.
Chaque fois que Talleyrand évoque, dans ses Mémoires, les erreurs de jugement de Louis XVI, de Calonne, de Necker ou des députés de la Constituante, il écrit "l’ignorance et la prétention", comme s’il avait sans cesse Platon à l’esprit. L’illustre diplomate savait-il que la philosophie grecque n’est pas née de l’analyse de l’ignorance en tant que tare censée bien connue des humains, mais d’une première radiographie anthropologique de la prétention langagière de l’ignorant non seulement de s’exprimer au nom de la vérité la plus simple et la plus évidente , mais de la faire parler si haut et si fort qu’elle en devient, ut ita dicam, un personnage en chair et en os? Est-il besoin de rappeler que le Théétète, le Gorgias, le Protagoras, Hippias majeur et mineur, mettent en scène des interlocuteurs de Socrate tellement sûrs de la dégaine de leur raison naturelle que le philosophe les conduit comme en se jouant à découvrir leur ignorance la mieux cachée: les embûches qu’il tend à leur candeur sont cousues de fil blanc.
8 – Platon et Freud
Certes, la dialectique de l’accoucheur grec est habile à paraître cacher son jeu. Mais si vous mettez en pleine lumière les contradictions secrètes sur lesquelles le faux se construit sa vérité, ne sera-ce pas l’inconscient du discours faussement assuré que vous démasquerez aux yeux de tout le monde? La maïeutique n’est donc que le premier divan de Freud; et, depuis vingt-cinq siècles, le philosophe se veut le psychanalyste de la connaissance semi animale du monde et de soi-même dont notre politique étale le spectacle au grand jour. Et voici que la méconnaissance de la nature même de l’inconscient de l’histoire dont témoigne la classe politique du monde entier à l’égard de la généalogie de l’esprit des peuples et des nations s’exerce à une auto-illustration éloquente sur la scène internationale.
Car la simplicité de la vérité politique est tellement spectaculaire que M. Védrine a cru devoir reprocher vivement à M. Assange de l’avoir racontée aux enfants. Et pourtant, quoi de plus simple que de leur expliquer les empires? Prenez l’histoire de onze ans de guerre d’une quarantaine de nations contre les Talibans en Afghanistan. Sachez, les petits, que les Etats puissants ne songent jour et nuit qu’à étendre leur pouvoir et qu’ils n’utilisent jamais les circonstances que l’ histoire dépose sur leur chemin comme les cailloux du petit poucet qu’aux fins de consolider leur propre règne. Comment exploiter un attentat sur trois tours de Manhattan dont l’une s’est effondrée par le seul effet de sa "rivalité mimétique" avec l’auto détermination évidente des deux autres à se changer instantanément en poudre? Comment rendre profitable à un empire démocratique devenu mondial de s’attaquer à un peuple pour tenter de rattraper un seul malfaiteur par ses basques?
9 – La géopolitique en culottes courtes

Apprenez, les enfants, que l’Afghanistan avait interdit à Unocal le passage d’un pipe line à travers le pays. Si le cerveau vaporisé du monde, celui sur lequel les zéphirs de la liberté soufflent en rafale, si les cellules universalisantes de cet organe, si les gènes de l’ubiquité de la vertu démocratique se précipitaient massivement – et en provenance de tout le globe terrestre – sur une nation souveraine, mais pétrolifère, l’autre cervelle de l’humanité y trouvera le plus grand avantage, tellement elle travaillera dans l’ombre et au ras du sol, mais à l’abri des regards de son grand séraphin de frère.
Aussitôt dit, aussitôt fait. Mais si toutes les nations dispersées sur le globe terrestre se sont ruées les armes à la main à la poursuite d’un délinquant, comment le nuage de poussière soulevé cacherait-il durablement l’évidence que le coupable a trouvé refuge dans quelqu’autre cachette de son choix et qu’il est vain de le chercher dans le tas de foin qu’il a quitté depuis belle lurette? Et puisque le cerveau stratosphérique – celui qui joue au ballon sur les cinq continents – ne tardera pas à se désengluer, puis à perdre de sa hauteur et à atterrir parmi les cadavres, comment éviter que les supplétifs de l’empire s’impatientent et se fâchent, comment interdire aux vassaux d’un grand songe d’ouvrir leurs yeux et leurs oreilles d’enfants bernés par des anges? On voit combien il est aisé d’expliquer aux enfants sagement assis sur les bancs de l’école publique que le genre simiohumain se scinde entre ses glaives et ses ailes et que si l’éducation nationale de la France ne se voulait pas complice de M. Védrine, notre jeunesse en culottes courtes en remontrerait à la classe dirigeante du monde entier au chapitre de la connaissance anthropologique de l’encéphale des évadés partiels de la zoologie.
10 – Le Machiavel de la Liberté
Mais il est un autre exemple encore de la dichotomie cérébrale qui affecte les neurones schizoïdes des fuyards du règne animal. Ne croyez pas un instant, les enfants, que cinq cent millions d’Européens croient dur comme fer que la Russie masserait ses légions aux frontières de l’Allemagne et de la Pologne, ne croyez pas une seconde, les petits, que le peuple russe serait informé de la menace qu’il est censé représenter pour notre continent. Mais comment se fait-il que nos chancelleries feignent de croire qu’un adversaire plus dérisoire encore, l’Iran, pulvériserait le monde s’il possédait l’arme de l’apocalypse qui nourrit les démocraties encore empêtrées dans les débris de leurs théologies de la foudre? Et pourtant, voyez comme Moscou se défend sur le modèle biblique, voyez comme M. Poutine plaide non coupable sur les saintes écritures de la liberté démocratique, voyez comme la terre entière fait semblant d’arbitrer dans la stratosphère une querelle sur la vérité et la justice?
Mais, par bonheur, votre instituteur vous initie aux racines du vocabulaire de la France. Vous savez donc que le latin associe le prétexte à l’art de la simulation, donc à l’hypocrisie et que la langue de la nation vous demande comment le cerveau religieux sert de masque sacré au Tartuffe simiohumain. Car enfin, peu importe à un empire que la menace qu’il met en scène soit fantasmée, dès lors que son expansion vaporeuse se donne nécessairement l’imagination para-religieuse de ses vassaux pour champ d’exercice de ses simulations théologiques? Vous apprendrez donc que les empires progressent sous le ciel de la sainteté de leurs idéalités, vous apprendrez donc que la vertu démocratique est l’arme onirique de la politique mondiale d’aujourd’hui, vous apprendrez donc que tout souverain moderne règne à la faveur de l’empire du Bien dont il se présente en organisateur souverain, vous apprendrez donc, les enfants, que l’omnipotence dans le cosmos que sur la terre est le pain bénit de la politique.
Et vous voilà un peu préparés à observer du haut des nues les jeux d’enfants de Mme Merkel avec ses partenaires européens, qui veulent faire payer à la dame les vertus ménagères qui lui sont reprochées par des gaspilleurs invétérés – mais, ni l’Allemagne, ni ses compagnons décérébrés ne plongent un regard d’aigle sur les chamailleries des domestiques oublieux de leur rang de vaincus de l’histoire.
11 – Une civilisation de la vérité
Jamais encore une narration acéphale des évènements d’un côté et, de l’autre, une histoire encore mal décodées des songes qui dichotomisent l’encéphale de notre espèce ne s’étaient rencontrées sur un modèle de schizoïdie cérébrale aussi parlant au sein d’une civilisation. Les croisades s’étaient contentées de mettre en scène une première mise à feu de la rivalité entre le délire sotériologique des chrétiens et celui de l’islam. Puis, des carnages séraphiques avaient illustré les premières déflagrations du sacré des modernes: la matière enflammable du mythe de la liberté avait mis aux prises les saints régiments d’un capitalisme rapace avec les légions innocentes d’une utopie tueuse.
Rien de tel aujourd’hui: pour la première fois, trois monothéismes vont croiser le fer de leurs rédemptions au-dessus de notre tête, pour la première fois, cet immense entre-égorgement ne sera évité que si, par je ne sais quel prodige, tous les peuples de la terre se disaient subitement: "Que se passe-t-il sous l’os frontal de l’animal dédoublé par ses songes?"
Mes enfants, la science politique qui vous attend portera votre regard sur la honte de l’Europe asservie. Vous serez les pourvoyeurs de la fierté retrouvée des nations du Vieux Monde. Vous éclairerez de vos torches l’encéphale embrumé de vos congénères. Vous dessillerez les yeux du monde à l’école de vos flambeaux. Bientôt les phalanges de l’occupant installeront leur quartier général à Ramstein en Allemagne, bientôt le bouclier des séraphins de la démocratie militaire enserrera l’Europe dans l’enceinte de votre vassalité renforcée, bientôt les cinq cents garnisons de votre maître quadrilleront l’ Europe domestiquée. Je vous salue, allumeurs de la raison du monde : vous serez les guerriers de la première civilisation de la vérité.
Le 1er juillet 2012

mercredi 20 juin 2012

JAPON, TOKYO, ECHO DES MONTAGNES, FREDERC BERGER


La maison la plus folle de Tokyo est totalement transparente…



Vous aimeriez avoir une maison originale et écologique ? Alors vous allez aimer ce qui suit ;-) Daily Geek Show vous propose de découvrir une maison totalement transparente qui se fait remarquer au Japon !

Si vous n’êtes pas pudique et que vous n’avez rien à cacher, cette maison est faite pour vous ! Voici « House NA » une maison totalement transparente, construite par l’architecte Sou Fujimoto, à Tokyo. Le but de celle-ci est d’imager la notion de vivre dans un arbre. L’architecte a voulu que toutes les pièces soient ouvertes entre elles pour que la communication soit facilitée comme s’il suffisait de sauter de branche en branche pour se parler. Challenge bien réussi, maintenant reste à savoir si vous voulez dire adieu à votre intimité pour vivre libre comme l'air et accueillir la lumière à 100%...




Aimeriez-vous habiter dans ce genre de maison ?

samedi 2 juin 2012

SAVOIE, COL DU PETIT SAINT-BERNARD, ECHO DES MONTAGNES, FREDERIC BERGER

30 mai 2012

Ouverture du col du Petit Saint Bernard

Retour sur la traditionnelle cérémonie d'ouverture du col du Petit Saint Bernard, organisée ce mardi 29 mai 2012. Après plusieurs semaines de travaux de déneigement les deux vallées fêtent leurs retrouvailles, à 2188 mètres d'altitude. 





Ouverture du col du Petit Saint Bernard par Savoie-actu