Le
9 janvier, Sophie et son beau-père étaient jugés pour dénonciation
calomnieuse au TGI de Draguignan. Comme on pouvait s’y attendre, les
juges ont travaillé uniquement à charge contre cette mère et son
beau-père. A tel point que l’avocate de E.M., le père des enfants, n’a
eu aucune question à poser aux prévenus. En fait, tout semblait joué
d’avance.
Le 20 février, on apprend que Sophie et
J. sont condamnés à 6 mois de sursis, avec 18 mois de mise à l'épreuve,
et interdiction pour J. d'entrer en contact avec les enfants. En outre,
il a une "obligation de soins".
Mais, le pire, ce sont les 12.000 euros
de dommages et intérêts qu'ils doivent verser à la "victime", E.M., le
père des enfants. Récit d'un procès aberrant.
Il est très clair que ce qui était prévu
par la " justice" de Draguignan était d’envoyer Sophie et son
beau-père, J., directement en prison. Pourtant, c’est du sursis qui a
été réclamé par le parquet
[1]. Ce qui a très probablement permis d’éviter la prison, c’est la présence massive de gens venus soutenir cette famille.
Le tribunal était plein à craquer de ces
soutiens populaires. Et rappelons que dans notre belle démocratie, la
Justice est rendue au nom du peuple français. J’espère que le peuple
aime la sodomie, parce que cette audience ne ressemblait à rien. Et pour
cause : la procédure n’aurait jamais du avoir lieu.
Voici quelques éléments dont chaque citoyen devrait avoir connaissance :
- Il y avait de très nombreux policiers dans la salle et aux abords du
palais de justice, dont un flic en civil qui restait à 2 mètres de E.M,
le père des enfants. Son garde du corps ? Quant à E.M, il n’a cessé, au
début de l’audience, de faire des clins d’œil et des sourires à ses
amis les poulets. E.M se trouvait manifestement en terrain conquis,
persuadé que, comme il le répète sans cesse aux enfants, Sarah irait en
prison dès la fin de l’audience. Plusieurs avocats qui n’avaient rien à
faire là étaient aussi présents tout au long de l’audience. Bref, on
était là au spectacle. La mise à mort du taureau, peut-être.
- Tous les éléments qui montrent que les enfants ont réellement
dénoncé des viols et des meurtres d’enfants ont été retirés du dossier.
Par exemple, l’expertise du Dr S., qui conclut à la très forte
probabilité des viols, ne fait que 4 pages dans le dossier présenté par
la justice alors qu’en réalité cette expertise fait 14 pages. Où sont
les dix autres pages ? Cela a en tout cas permis au proc et aux juges de
déclarer que « rien ne vient corroborer » les accusations de Sarah. On
a aussi enlevé les dépositions de plusieurs témoins extérieurs à la
famille à qui les enfants se sont confiés, ainsi que les dessins qu’ils
ont faits tout au long de la procédure… Ce qui permet ensuite au
procureur d’affirmer que « tout a été fait pour rechercher la vérité » (il était sérieux en disant cela !)
- En revanche, les mensonges de plusieurs intervenants ont tous été
repris in extenso par les juges et le proc. Cela, malgré les preuves
apportées par la famille qu’il s’agit de mensonges.
- Le réquisitoire du procureur était entièrement dactylographié et
donc écrit à l’avance. A quoi sert-il alors de mener des débats au
tribunal ? Pour amuser la galerie ?
- Les juges et le proc n’ont tenu aucun compte des arguments tous
étayés qui ont été donnés par Sarah et J. C’est à peine si on ne leur
coupait pas la parole dès qu’ils tentaient de se défendre. Les questions
étaient biaisées, basées sur des éléments erronés, et n’avaient pour
but que de faire dire à Sophie et J. qu’ils en voulaient à E.M (ceci,
contre toute évidence[2]) au point de monter une cabale contre ce pauvre innocent, si digne.
- Quand le juge s’est adressé à E.M, c’était pour faire un panégyrique sur ses talents d’auteur : « c’est très intéressant ce que vous avez écrit monsieur »,
en parlant du tissu de mensonges qu’il a racontés sur Sophie ainsi que
sur lui-même, évidemment. A ce moment, le public s’est demandé si le
juge ne voulait pas carrément faire éditer l’autobiographie de E.M.
- Les témoignages vidéo des enfants qui circulent sur le net ne
figurent pas dans le dossier. Ni les juges ni le proc ne les ont vus.
Par contre, ils disent que les enfants ont été manipulés par leur mère,
qui leur faisait dire ce qu’elle voulait dans ces vidéos, qui font
office de pièces à charge sans être dans le dossier. Cherchez l’erreur[3].
Un "détail" sur lequel Me Constantino, l’avocat de Sophie et de son
beau-père s’est arrêté tout de suite. Pourtant, en 5 ans de procédure,
on a eu largement le temps de s’en apercevoir.
- Le tribunal a inclus dans les dénonciations calomnieuses contre E.M
la seule plainte pour viol de Sophie, en octobre 2007, qui visait Didier
et non E.M. A ce moment, Sophie ne connaissait pas Didier, pourquoi
aurait-elle cherché à lui nuire ? En outre, Sophie a déposé cette
plainte parce que des professionnels le lui avaient recommandé, ce que
le juge a été forcé d’admettre. " Ma fille est revenue en état de choc, on ne pouvait pas ne pas réagir. Je voulais protéger ma fille
", a tenté, en vain, d’expliquer Sophie. Pourtant, les gendarmes n’ont
pas voulu prendre sa plainte. Pour le juge, en tout cas, cette plainte "
ne vise pas que Didier".
- Pour le juge, les enfants « vont très bien ». Il a même repris un rapport euphorique à ce sujet, concluant : "On sent un enfant qui est bien, qui veut du bonheur…".
Circulez, il n’y a rien à voir, en somme. Pour parvenir à une telle
conclusion, il faut oublier les résultats scolaires de l’un d’eux, le
fait que les deux garçons n’ont pas grandi depuis cette affaire, le fait
qu’il a fallu 6 ans de suivi éducatif à leur père, que les enfants sont
suivis par des psys, il faut aussi oublier qu’ils ont parlé, dessiné…
- On prend une audition de M., la fille ainée de Sophie, faite à la
police. Cela, hors de la présence d’un psy. Dans cette audition, elle
dit qu’elle a peur de Didier, qu’il est méchant, que son père lui a
demandé de ne pas parler… Mais le juge retient seulement que la petite,
qui ne voulait pas parler, a dit qu’elle ne se rappelait de rien.
Mauvaise foi ou corruption ?
- On ne tient pas compte du fait que le Dr B., manifestement liée au réseau, a confirmé l’existence de meurtres d’enfants.
- On se base sur une audition de l’ainée des enfants réalisée alors
qu’elle ne voit plus sa mère qu’un week-end sur deux depuis des mois,
pour dire qu’elle est manipulée par sa mère. Hors, dans cette audition,
le médecin qui reçoit l’enfant parle bien d’un discours "plaqué et répété à l’envi".
Mais de quel discours parle-t-on ? Celui de la petite, qui d’entrée de
jeu aurait déclaré que J. l’a obligée à mentir. C’est bien le père qui
manipule sa fille, mais bizarrement les juges ont considéré que c’est
Sarah, qui ne voit plus ses enfants à cette époque, qui les manipule.
Mauvaise foi ou corruption ?
- Pour E.M ses enfants vont très bien, c’est presque l’extase à
l’entendre. Sauf qu’un de ses fils est en décrochage scolaire, les deux
garçons ne grandissent plus depuis les viols et meurtres d’enfants, et
sa fille ainée est perturbée et suivie psychologiquement. En outre, E.M.
a eu une des AEMO les plus longues de l’histoire : 6 ans pour un père
parfait, c’est beaucoup. Le tout aux frais du contribuable évidemment.
Deux procès en un
Mais ce qui a été le plus fort dans ce
procès, et ce qui a vraiment de quoi choquer les citoyens, c’est qu’on a
tenté de faire passer deux procès en un seul.
En effet, le procureur a dit lui-même
que les faits de viols et de meurtres d’enfants n’ont jamais été jugés :
pas de non lieu, pas d’acquittement, pas de relaxe pour « prouver » que
les faits sont faux.
Difficile, donc, de juger Sophie
coupable de dénonciation calomnieuse, puisqu’on ne sait pas si ce
qu’elle a dénoncé est vrai ou faux, et que de toute manière elle ne
pouvait pas « savoir » que ces faits étaient faux. C’est pour cette
raison que ce procès n’aurait jamais du avoir lieu.
Mais qu’à cela ne tienne : le procureur a
ensuite demandé qu’on décide lors de cette audience que les faits de
viols et de meurtres sont faux, pour ensuite condamner Sophie et J. pour
dénonciation calomnieuse. Il a ainsi déclaré que "tout ce que Sophie et J. ont dit depuis 2007 est faux", et cela sans avoir examiné aucune des preuves données par la famille.
Avant d’ajouter, et là j’ai vraiment été abasourdie :
" Si vous les déclarez coupables, la justice clôturera enfin cette affaire".
Voilà donc énoncé crument le nœud du problème : la justice veut « clôturer » l’affaire depuis le début.
Alors bien sûr, il ne faut surtout pas
enquêter car sinon on risque de confirmer certains faits ou même
l’ensemble des faits. Si c’était le cas, il faudrait alors un procès aux
assises, avec les meurtriers d’enfants sur le banc des accusés, ce qui,
on l’a compris, est inenvisageable pour le proc, représentant du peuple
[4].
C’était du jamais vu. Incroyable dans pays qui se réclame un « Etat de droit ».
C’est aux assises qu’on est censé juger
les meurtres d’enfants, pas au tribunal correctionnel, au milieu d’un
procès pour dénonciation calomnieuse.
E.M devrait s’asseoir sur le banc des
accusés, pas sur celui des parties civiles. Et les enfants devraient
être appelés à témoigner.
Plaidoirie de la défense
Me Constantino, l’avocat de Sophie et J., a rapidement remis les choses en place. «
On
reproche à mes clients de s’être fait entendre et ça, le système
judiciaire ne l’accepte pas. Mais, on n’a pas à leur reprocher leur
attitude ». De fait, à force de ne pas être entendue, Sophie a
continué à relater les propos tenus par ses enfants et à tenter
d’alerter les autorités. Et c’est ce qu’on lui reproche puisqu’ils ne
sont pas poursuivis pour avoir manipulé les enfants mais pour
dénonciation calomnieuse.
Me Constantino a remis le procureur à sa
place, rappelant que les enquêtes de police ne sont pas toujours
parfaites, contrairement à ce que dit le proc, et qu’en l’occurrence on a
eu à faire à des questions orientées, à de devoirs d’enquête jamais
réalisés, à du travail bâclé, pour rester poli. "Nous sommes face à un dossier qui est loin d’être exemplaire", a rappelé Me Constantino, "je
constate que l’on se base sur des morceaux choisis du dossier, sur des
approximations. Vous affirmez que les faits sont faux, mais il n’y a là
rien de déductif : c’est un raisonnement à l’envers que vous faites,
partant du principe que les faits sont faux. Vous piochez dans le
dossier ce qui vous arrange et gardez le reste sous silence".
Quant à la dénonciation calomnieuse qui a amené Sophie et J. au tribunal ce 9 janvier, Me Constantino a rappelé que "le
tribunal ne dispose pas des éléments pour dire avec certitude que les
faits sont faux. En outre, il n’y a jamais eu de décision de justice
pour le dire".
Il a rappelé "le postulat erroné selon lequel les enfants n’ont rien dit",
car ils ont au contraire beaucoup parlé : à un expert qui n’a pas
écarté l’hypothèse des abus, à la police, à plusieurs témoins extérieurs
à la famille, et dans les vidéos "qui ne sont pas dans la procédure".
En effet, M. l’aînée des trois enfants, a
bien dit (dans une audition miraculeusement restée au dossier) qu’elle
n’aime pas Didier, l’ami pédophile de son père, elle raconte qu’elle a
dit à J. que Didier lui a fait du mal, et que son père lui a dit de ne
rien dire. En 2009 M. a confirmé les viols et les meurtres, et le fait
que son père lui a mis le zizi dans la bouche (elle l’a même écrit sur
un papier lors d’une consultation médicale). Son frère a confirmé pour
le baiser sur la bouche de sa sœur par Didier, un ami de la famille a
reçu les confidences des enfants, de même qu’une cousine éloignée
choquée d’apprendre l’existence de snuff movies de la bouche des
enfants. Plusieurs experts ont constaté soit une dilatation anale, à
cause de ce réflexe connu chez les enfants victimes de sodomie que lors
d’un examen, leur anus se dilate automatiquement.
Il
y a aussi cette filature par des amis de la famille, qui ont relevé les
plaques d’immatriculation des véhicules présents lors d’un meurtre
d’enfant. Pensez-vous que les flics ont mené des recherches ? non. Ils
n’ont pas non plus creusé à l’endroit où les corps étaient enterrés. "
Par contre, les policiers ont bien pris le temps d’enquêter à charge contre Sophie", a rappelé Me Constantino.
Puis ce fut le cours de droit : pour que
l’accusation de dénonciation calomnieuse fonctionne, il fallait
l’intention de nuire (pas avérée), hors Sophie ne pouvait pas savoir que
les faits dénoncés étaient faux. D’abord parce que ce n’est pas le cas,
ensuite parce qu’une mère croit ses enfants.
Finalement, Me Constantino a expliqué
que si le tribunal voulait vraiment être certain que les faits sont
faux, c’était très simple : il fallait ordonner une IRM des voies basses
des enfants, comme un médecin l’avait recommandé. Ce médecin avait
aussi écrit : "Il me semble que la recherche de la vérité doit passer par la mise en évidence des viols".
Avec cet examen, on aurait pu être certain de l’absence des viols.
Mais, c’était trop risqué, car on aurait surtout vu que tout était vrai.
Ce jeudi 9 janvier, on nageait en plein délire, au tribunal de Draguignan.
[1]
Le procureur a réclamé deux ans de sursis pour Sophie et J., avec en
plus trois ans de mise à l’épreuve et obligation de soins pour J., et
interdiction d’entrer en contact avec les enfants.
[2]
Ce qui permet d’affirmer cela, outre les dénégations et l’absence
d’agressivité dans le chef de Sarah et J., c’est par exemple l’aide
apportée par J. à E.M. pour monter son entreprise au moment de la
première plainte. Première plainte qui, d’ailleurs, ne visait pas E.M
mais Didier, l’ami de E.M..
[3]
Il s’agit là d’un motif suffisant pour faire annuler toute la
procédure. Mais alors on repart pour encore 5 ans de procédure et on
n’est pas près de revoir les enfants. C’est pour cela que la nullité n’a
pas été soulevée, on nage donc en pleine mascarade. De son côté, E.M
réclame 25.000 euros de dommages et intérêts.
[4]
On se demande à quel point celui-là se sentait investi de sa mission,
après qu’il ait dit s’inquiéter pour « la santé mentale » du public
présent à l’audience. Simplement parce que ledit public n’était pas de
son avis.