Affaire AUDIN / Affaire 26 mars 1962
Cannes le 21 septembre 2018
Madame Simone GAUTIER
14 avenue de France
06400 Cannes
Monsieur le président de la République
Palais de l’Elysée
55 rue Faubourg Saint Honoré
75008 Paris
Objet : Affaire AUDIN / Affaire 26 mars 1962
Monsieur le président de la République,
Dans « l’affaire AUDIN », comme disent les journalistes, le corps du « disparu », n’a pas été retrouvé. Mais ce n’est pas un inconnu…
Dans « l’affaire du 26 mars 1962 », les corps sont retrouvés, massacrés, mélangés certes, les chairs éclatées, jetés en vrac à la morgue de l’hôpital Mustapha, mais « ils » sont là.
Dès
leur arrivée, ils furent dénudés et rendus bien propres, bien lavés de
tout ce sang, bien rangés les uns sur les autres, sur les tables et même
parterre, bien alignés… les familles cherchant le sien, tirant par les
pieds quand il en restait, hurlant en découvrant le visage fracassé… C’est vrai qu’au début on pataugeait dans le sang. Et tout ce sang sur soi reste indélébile…
Par rapport à la disparition d’
Dans la tragédie du 26 mars 1962, on a fait disparaître les morts !
AUDIN, il est vrai : quelle « chance »
pour les familles ! Ces corps étaient là, pas entiers, certes, mais
bien là ! Les ambulances, déjà sur place, avaient fait du bon travail.
Du « bonheur » en somme malgré nos pleurs et nos cris !...
Et
l’Etat français, sans doute par compassion devant cette douleur, jeta à
la rue, en pleine nuit, hors de l’hôpital, abandonnant leur mort, ces
familles, dont je faisais partie. Quel mépris ! Quelle honte !...
Alors que chacun était si « heureux » d’avoir récupéré « son mort » et
de finir la nuit près de lui, les corps furent aussitôt mis en bière,
dans la pesanteur angoissante du « couvre-feu » et dans une interdiction
absolue de toute présence familiale. C’était –paraît-il- afin « de nous épargner cette douleur »… par charité chrétienne sans doute !...
Ces
cercueils plombés furent dispersés en catimini dans les différents
cimetières de la ville et les familles, désemparées, couraient dans tous
les sens pour retrouver « son mort », esseulé, séquestré dans une boîte posée là, au milieu de nulle part… Il y avait un nom sur une étiquette : c’était « à prendre ou à laisser ! »… Personne ne savait si la dépouille qui se trouvait dans cette boîte au fond d’un trou hâtivement creusé de nuit, était bien « son mort »…
Dans la tragédie du 26 mars 1962, on a fait disparaître les morts !
Depuis lors, le temps a passé mais la blessure demeure… « L’affaire du 26 mars »
(comme l’appellent les médias) demeure enfouie sous une chape de plomb.
C’est le grand silence de l’Etat complice… Le déni de justice qui,
depuis 56 ans, recouvre la France d’une honte indélébile…
Cette « affaire »
serait-elle d’une toute autre dimension que l’affaire AUDIN ?... Les 80
morts de la rue d’Isly auraient-ils moins d’intérêt à vos yeux que
celui d’un traitre à sa Patrie ?
« L’affaire AUDIN » aura, néanmoins, suscité ma quête de la Vérité… Je voudrai savoir, enfin, qui se trouve dans cette boîte devant laquelle je m’agenouille…
Un 26 mars 1962, mon mari, ancien officier du Commando de Marine Trepel est tombé sous des balles françaises. Il n’avait que 28 ans. Je n’ai guère eu le temps de lui dire « adieu »…Je
n’ai pu lui crier mon amour… lui dire qu’il vivra éternellement dans
mon cœur meurtri… lui donner mon dernier baiser… Cela vous parle-t-il
Monsieur Macron ?
Alors
je veux savoir avant que mes yeux ne se ferment, sur la tombe de qui,
chaque année, je dépose mes fleurs en étouffant mes pleurs et mes cris…A
cette fin, je sollicite qu’une autorisation me soit accordée afin de
réaliser une recherche A.D.N.
En
vous remerciant pour votre aimable obligeance, je vous prie d’agréer,
Monsieur le président de la République, mes respectueuses salutations.
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Frédéric Hartmut Berger von Götz von Berlischingen, ancien jeune du 1er REP de Zéralda.