Rien n'est sacré, tout peut se dire. En hommage au Lieutenant X, surnommé "LAVAPEUR", chef des résistants à LA PLAGNE en SAVOIE.Ce journal, LANCEUR D'ALERTE, est enregistré au tribunal de grande instance d'Albertville.ISBN:22191
ISSN:12996769
Dépôt légal: à parution
MI CHAMICHA, BEALIM ADONAÏ
voir déclaration universelle des droits de l'Homme de 1948 et Article 19 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques de l'ONU,
Conversation téléphonique entre Poutine et Loukachenko
Le président russe Vladimir Poutine a eu une conversation téléphonique avec son homologue biélorusse Alexandre Loukachenko. Cela a été annoncé dimanche 30 août par la chaîne de télévision Belarus 1.
«Les dirigeants ont discuté de toutes les questions d'actualité d'aujourd'hui. En outre, ils ont évoqué la situation générale en Biélorussie dans la conversation », a déclaré la chaîne dans un communiqué.
Comme l'a noté Interfax, la conversation a eu lieu à l'initiative du dirigeant russe. Aucun autre détail n'est fourni.
A la veille, Poutine a déclaré que la Russie reconnaissait la légitimité des élections présidentielles en Biélorussie.
La veille, Alexandre Loukachenko a souligné que si la situation dans le pays est ratée, elle peut se transformer en théâtre d'opérations militaires. Selon lui, son «bon ami», Vladimir Poutine, adhère à la même position.
Il y a quelques jours, Poutine a noté que la Russie n'est pas indifférente à ce qui se passe en Biélorussie, mais Moscou se comporte beaucoup plus sobrement que les États-Unis et l'Europe.
Depuis le 9 août, les manifestations ne se sont pas arrêtées en Biélorussie. Ce jour-là, des élections présidentielles ont eu lieu. Selon la Commission électorale centrale, le chef de l'Etat sortant, Alexandre Loukachenko, a remporté plus de 80% des voix.
Poutine: Moscou remplira ses obligations de sécurité envers Minsk si nécessaire.
Des bactéries de 100 millions d'années ont été « ressuscitées » par des scientifiques.
Des bactéries trouvées dans des sédiments marins, vieux de 101 millions
d'années, ont été « ravivées », commençant à se nourrir et à se
reproduire, comme si de rien n'était, après leur longue hibernation. Il
pourrait ainsi s'agir de la plus ancienne forme de vie jamais découverte
sur Terre.
Elles ont vu les dinosaures et les premières fourmis. Des bactéries,
vieilles de 100 millions d'années, ont été ressuscitées par des
scientifiques de l'agence japonaise de Sciences et Technologies
sous-marines (Jamstec pour Japan Agency for Marine-Earth Science and Technology),
qui ont réussi à les faire se nourrir et se reproduire dans leur
laboratoire. Les bactéries en question ont été récoltées dans le gyre tropical du Pacifique Sud, une zone située au sud de l'équateur entre l'Amérique du Sud et l'Australie. Cette zone est réputée être « l’endroit le plus mort de l’océan », dépourvu de nutriments et de toute poussière continentale. C'est ici, enfouis dans une épaisse couche de 75 mètres de sédiments,
âgés de 13 à 101,5 millions d'années et à plus de 6.000 mètres de
profondeur, que les scientifiques ont découvert des traces de bactéries
lors d'une expédition en 2010.
Les
échantillons ont été récoltés dans le gyre tropical du Pacifique Sud,
sous une couche de 75 mètres de sédiments à 6.000 mètres de profondeur.
99 % des bactéries ranimées
Les chercheurs ont mis leurs échantillons en incubation, en les nourrissant de nutriments riches en carbone et en azote. Au bout de 10 semaines, ils ont constaté que des isotopes de carbone et d'azote été apparus à l'intérieur des microbes, indiquant qu'ils avaient commencé à se nourrir comme des bactéries normales. « C'était incroyable : 99,1 % des microbes avaient survécu et ont pu être réanimés », commente Yuki Morono, l'auteur principal de l'étude parue dans la revue Nature Communications. D'autant plus remarquable que ces sédiments
font partie de ceux qui contiennent le moins de nutriments au monde.
Or, les bactéries, même en vivant au ralenti, ont besoin d'un minimum d'énergie pour assurer leur métabolisme.
Maintenant, nous savons qu'il n'y a pas de limite d'âge pour les organismes dans les fonds marins
Les scientifiques pensent qu'une très petite quantité d'oxygène a pu pénétrer dans la couche de sédiments, justement car cet écosystème profond est dépourvu d'activité microbienne normale qui consomme l'oxygène disponible. « Les bactéries sous-marines consomment des millions de fois moins d'énergie que leurs homologues de surface, explique Yuki Morono. Maintenant, nous savons qu'il n'y a pas de limite d'âge pour les organismes dans les fonds marins».
Le saviez-vous ?
En
2000, une équipe avait prétendu avoir ressuscité une bactérie âgée de
250 millions d’années et enclavée dans des sels de cristaux sous forme
de spore, mais des doutes avaient émergé sur le fait que les sels de
cristaux aient pu être contaminés par des bactéries plus récentes.
Les bactéries, championnes de la survie
Certaines bactéries sont connues pour survivre à des environnements particulièrement hostiles, comme des milieux acides,
dépourvus d'oxygène ou soumis à des températures et des radiations
intenses. Elles peuvent par exemple stocker du carbone dans leurs
cellules, recycler l'énergie à partir d'azote ou même « respirer » du métal ou de l’hydrogène. Mais c'est la première fois que l'on découvre qu'elles peuvent survivre aussi longtemps pratiquement sans énergie ni oxygène.
Si
l'on peut dater relativement aisément les sédiments, il est
cependant difficile d'estimer l'âge exact des microbes. Malgré les
conditions extrêmes, certaines bactéries ont pu se multiplier, ce qui
veut dire que celles qu'ont trouvées les chercheurs sont issues de leur
descendance et sont donc plus récentes. Mais, étant donné l'extrême
pénurie en énergie, c'est assez peu portable dans ce cas.
Décrite pour la première
fois en 2006, l'expansion des tropiques a longtemps confondu les
scientifiques. Aujourd'hui, une nouvelle étude propose une explication
quant au mécanisme derrière de ce phénomène climatique.
Décrite pour la première fois en 2006, l'expansion des tropiques a
longtemps confondu les scientifiques. Aujourd'hui, une nouvelle étude
propose une explication quant au mécanisme derrière de ce phénomène
climatique.Nous avons tous appris à placer les tropiques
sur une carte à l'école. Mais il se pourrait que ce savoir deviennent
obsolète de notre vivant. En effet, cette région chaude et humide du
globe serait en pleine expansion à cause d'un coupable qu'il n'est plus
nécessaire de présenter : nous. Au cours des 15 dernières années, les
scientifiques ont remarqué que la ceinture tropicale entourant le globe
s'étend progressivement vers le bassin méditerranéen, l'Australie du Sud ou encore la Californie du Sud.
L'atmosphère est hors de cause, mais pas les Hommes
Les tropiques sont la région de la Terre la plus directement exposée au Soleil tout au long de l'année. Caractérisés par des températures élevées, leur cœur connaît des précipitations abondantes tandis que leurs bordures extérieures possèdent un climat
plus sec et brûlant. Depuis plusieurs années déjà, les données révèlent
que les tropiques s'élargissent, avec une expansion plus prononcée au
sud que dans l'hémisphère Nord.
Cette particularité confondait jusqu'alors les chercheurs, incapables
de réconcilier les évolutions atmosphériques avec la nouvelle
cartographie de la région.
Néanmoins, une nouvelle étude, parue dans la revue Journal of Geophysical Research: Atmospheres, suggère que le moteur de ces changements ne se trouverait pas dans l'air mais dans nos océans, couvrant une surface plus importante dans l'hémisphère Sud. « Bien
que les fluctuations naturelles du climat sur le long terme participent
à cette tendance, ces variations ne suffisent pas à expliquer toute
l'amplitude de l'expansion en cours », lit-on dans le communiqué de presse de l'American Geophysical Union.
Le réchauffement de l'océan subtropical, quant à lui, est indépendant
de ces fluctuations climatiques naturelles, expliquent les chercheurs.
« Ceci est le résultat du réchauffement climatique. »
Évolution de la région des tropiques entre 1980-1984 (en bleu) et 2008-2012 (en rouge)
Un moteur océanique
C'est en analysant la façon dont les courants océaniques transportent l'eau chaude vers les pôles que le climatologue
Hu Yang et son équipe ont pour la première fois théorisé la possibilité
d'un lien entre les océans et l'expansion des tropiques. « L'océan et l'atmosphère étant profondément interconnectés, il est parfois difficile de savoir lequel influence l'autre », explique le chercheur. En comparant le mouvement
des courants océaniques majeurs vers les pôles et la carte de
l'expansion, l'équipe a découvert un recouvrement des données qui ne
pouvait être entièrement dû au hasard.
L'expansion des tropiques
n'implique pas seulement des enjeux climatiques et environnementaux.
Tout comme avec la plupart des phénomènes imputables au changement
climatique, ses répercussions s'étendent à la sphère économique et
sociale. Des régions souffrant déjà de pénuries d'eau récurrentes
pourraient à l'avenir connaître un plus grand nombre de sécheresses et de feux sauvages, tandis que certaines tempêtes pourraient voir leur trajectoire modifiée pour toucher des zones habitables fragiles.
Si cette tendance se poursuit et se renforce, on peut s'attendre à des canicules
plus fréquentes, impactant les populations vulnérables mais également
le bon fonctionnement des villes. En somme, l'urgence est une fois de
plus indéniable et l'action, de la part de tous, nécessaire.
Découvrez
la France photographiée de l'espace par Thomas Pesquet au cours de ses
six mois passés dans la Station spatiale internationale. Une belle
balade pour voir la France autrement, à 400 kilomètres d'altitude.
Thomas Pesquet a séjourné presque six mois et demi (196 jours) dans la Station spatiale internationale.
Là-haut, à environ 400 kilomètres d'altitude, le point de vue sur notre
Planète bleue est évidemment, comme on peut s'en douter, sensationnel.
D'ailleurs, l'astronaute français reconnaît qu'il lui était parfois difficile de détourner son regard des hublots devant le spectacle de ce monde qui roule sous ses pieds, surtout lors d'aurore boréale ou australe...
Très vite, durant ses pauses de midi, du soir et du week-end, Thomas Pesquet expérimente la photographie avec les bons conseils de ses collègues : « je suis parti, j'étais quand même complètement nul en photos ! Il faut le savoir », rappelait-il lors de sa conférence de presse du 6 juin 2017. Ses progrès furent rapides et les photos qu'il décide de partager sur les réseaux sociaux (principalement sur Twitter, Instagram et Flick'r) témoignent de toute sa maîtrise. « Je voulais partager cette mission parce que quand j'étais petit j'aurais adoré suivre une mission dans l'espace », confiait-il en évoquant les dizaines de photos partagées.
La beauté de la Terre vue de l’espace et aussi ses plaies
Épaulé de trois personnes sur Terre
pour traiter et publier les images transmises depuis la Station, le
dixième astronaute français à être allé dans l'espace a donc tweeté avec
plaisir ses photos de la planète entière plusieurs mois durant. Des
clichés qui montrent toute la beauté de la Terre qui, il ne faut
l'oublier, est notre berceau, aussi bien de jour comme de nuit, et aussi
ses zones d'ombres, ses plaies ouvertes : des régions dévastées soit
par un conflit, soit par la déforestation, soit encore scalpées par l'exploitation minière ou pétrolière, etc.
Thomas Pesquet
a plaisir aussi à composer avec les motifs naturels et les artefacts à
la surface de notre monde. Ici la beauté d'une ville la nuit, là l'estuaire d'un fleuve, les Alpes enneigées, des nuages, un lever de Lune, etc.
« Il y a des villes que je n'ai jamais pu prendre en photo, a-t-il raconté. Pékin est toujours recouvert d'une couche de brouillard qui, d'ailleurs, n'en est pas une : c'est de la pollution. Même la nuit, on y voit mal ! »
Découvrez la France, terre de libertés, vue de l'espace sous l'œil de Thomas Pesquet.
Une nouvelle expérience
de physique quantique jette un nouveau pavé dans la mare de la réalité
objective. Afin de ne pas laisser en reste ceux de nos lecteurs qui ne
seraient pas familiers avec la physique quantique, nous reprenons tout
de zéro, avec des termes simples.
Une nouvelle expérience de physique quantique jette un nouveau pavé dans
la mare de la réalité objective. Afin de ne pas laisser en reste ceux
de nos lecteurs qui ne seraient pas familiers avec la physique
quantique, nous reprenons tout de zéro, avec des termes simples.
[EN VIDÉO] La mécanique quantique expliquée en vidéoQu'est-ce que la mécanique quantique ? À quoi sert-elle ? Quel est son champ d'étude ? La réponse en vidéo !
Dans son livre The Character of Physical Law, le physicien Richard Feynman écrit : « Je pense pouvoir affirmer sans risque que personne ne comprend la mécanique quantique. »
Si les ressorts de cette discipline encore jeune (à peine un siècle)
questionnent profondément les rares esprits qui s'adonnent à son étude,
l'on sait néanmoins que la physique quantique décrit avec une précision confondante les comportements les plus contre-intuitifs des atomes et des particules, posant souvent plus de questions qu'elle n'en résout. Bien qu'il ne fasse plus aucun doute que, pour le physicien classique, la mécanique quantique avance parfois à rebours du sens commun, la manièredont elle le fait demeure encore incertaine.
Néanmoins, une récente étudeparvient
aujourd'hui à apporter de nouveaux éléments de réponse que nous allons
ici tenter d'expliquer dans les termes les plus simples et les plus
clairs possibles.
« Être et ne pas être », disait le chat de Schrödinger
Pour
les chercheurs travaillant en dehors du champ de la physique quantique,
le monde possède deux qualités importantes. Il est à la fois :
réaliste, c'est-à-dire que la réalité est objective et ne dépend pasd'une mesure ou d'un observateur ;
déterministe, c'est-à-dire que la réalité n'est pas aléatoire mais le fruit d'un ensemble de variables produisant des résultats systématiqueset prédictibles(pourvu que l'on dispose de toutes les informations nécessaires à sa compréhension).
Or, la physique quantique nous apprend qu'il en va bien autrement en deçà d'une certaine échelle, dans le monde exotique des atomes et des particules, voire des molécules.
Imaginons qu'une particule, un peu comme un interrupteur, admette deux
états possibles, que nous baptiserons 1 et 0 pour un maximum de
simplicité. Si l'on en croit l'interprétation de Copenhague,
tandis qu'un interrupteur ne peut être que dans un seul état à la fois
(allumé ou éteint), la particule, elle, se trouve dans ce que l'on
appelle une superposition d'états, c'est-à-dire à la fois 1 et 0. Cette
superposition ne disparaît que lorsqu'un observateur décide de mesurer
son état, causant ainsi un effondrement
de la fonction d'onde. Cette première idée contredit la possibilité
d'une réalité unique et objective pour notre particule, mais les choses
ne s'arrêtent pas là.
En effet, toujours
d'après la théorie quantique, la particule ne suit pas une logique
déterministe mais probabiliste. On ne peut donc pas prédire l'état dans
lequel elle sera, mais seulement calculer la probabilité d'obtenir un
état ou un autre. Dans notre cas, et toujours par souci de simplicité, nous dirons que notre particule a une chance sur deux d'être dans l'état 1 ou 0.
L'effondrement est dans les yeux de celui qui regarde
Les
scientifiques ignorent encore à ce jour par quel mécanisme la particule
passe d'une superposition d'états à un état fixe. Certains ont suggéré
que la fonction d'onde s'effondre au moment où la mesureest
faite, d'autres encore que l'intervention d'un observateur conscient
est nécessaire -- cette dernière notion a amené certains à tordre la
physique quantiquepour lui faire dire que nous
pouvions modifier la fabrique de la réalité par la simple force de notre
esprit, ce qui, pour autant que nous sachions, est complètement erroné.
Aujourd'hui, les chercheurs travaillant avec des systèmes quantiques complexes savent qu'un simple coup de vent
peut causer l'effondrement du fragile château de carte qu'est la
superposition quantique, susceptible à l'interaction avec les particules
présentes dans l'air. La question de ce qui fait la valeurd'une mesure ou d'un observateur demeure donc encore en suspens.
Particules intriquées et messagerie instantanée
Introduisons désormais une nouvelle dose d'exotisme en abordant la notion d'intrication quantique.
Nous savons d'ores et déjà que lorsque nous mesurons l'état d'une
particule quantique, nous avons 50 % de chance de trouver 1 ou 0. En
calculant les probabilités pour la mesure de deux particules, nous
obtenons donc le tableau suivant :
Particule 1
0
1
Particule 2
0
25%
25%
1
25%
25%
Mais
les particules intriquées, elles, partagent une relation particulière.
Liées l'une à l'autre (suite à une manipulation volontaire ou, plus
rarement, accidentellement), elles forment un tout inséparable où l'état
de l'une est dépendantde celui de l'autre. Plus
simplement, les deux particules se trouvent chacune dans une
superposition d'états (1 et 0) jusqu'à que l'une d'entre elles soit
mesurée. Cette mesure cause un effondrement de la fonction d'onde
simultanépour la paire, et chacune se fixe alors dans
un état opposé, et ce, peu importe la distance qui les sépare. On
obtient donc ce tableau :
Particule 1
0
1
Particule 2
0
0%
50%
1
50%
0%
Cela signifie qu'en théorie, si vous placez une particule sur la Lune et sa jumelle sur Terre,
la mesure de la particule terrienne (donnant par exemple l'état 1)
provoquerait l'effondrement de la fonction d'onde de sa jumelle lunaire
(qui acquerrait alors l'état 0) au même instant. Ceux qui se souviennent
encore de leurs cours de physique protesteront alors en affirmant que
cela est impossible car rien, même l'information, ne voyage plus vite
que la lumière (qui met 1,3 seconde à nous parvenir de la Lune). Et à cela nous répondrons... que vous avez parfaitement raison. Einstein n'était d'ailleurs pas le plus grand adepte de cette notion, qu'il surnommait la dérangeante (ou effrayante) action à distance.
Quand (Bell) sonne le glas
Dans les années 1960, le physicien John Bell
décide d'en apprendre plus sur cette communication manifestement
instantanée entre les particules intriquées. Il part ainsi de deux
principes initiaux, tirés d'une vision classique du monde :
principe de localité: les particules ne peuvent pas s'influencer mutuellement plus vite que la lumière ;
réalisme:
les particules suivent un fonctionnement déterministe (et non
probabiliste) que nous peinons simplement à prédire à cause de variables
cachées.
Sur la base de ces deux postulats,
Bell calcule l'ensemble des états possibles pour la mesure d'une paire
de particules intriquées (dans un contexte un peu plus complexe que
celui que nous avons présenté jusqu'ici) et obtient ainsi un seuil de
corrélation théorique. Depuis, de nombreux « tests de Bell » ont été
effectués dont les résultats ont infailliblement violé le seuil
théorique calculé par Bell. Selon lui, une seule conclusion pouvait être
tirée de ce constat : l'un de ses postulats de départ était faux. Mais
lequel ?
Le paradoxe de Wigner
Faisons
à présent une pause de quelques instants pour aborder une nouvelle
expérience de pensée, proposée par le physicien Eugène Wignerà l'époque où Bell travaillait sur son théorème.
Quelque peu agacé par les questions sans réponses posées par la
physique quantique, Wigner décide de jeter un pavé supplémentaire dans
la mare en exposant le paradoxe suivant.
Imaginons
qu'un ami de Wigner se tient assis dans un laboratoire où il s'apprête à
mesurer l'état d'une particule. Le physicien, quant à lui, se trouve à
l'extérieur du laboratoire et n'a aucun moyen de savoir ce qu'il s'y
passe. En appliquant les équations
fournies par la mécanique quantique, nous savons que la particule se
trouve dans une superposition des deux états (1 et 0) jusqu'à ce que
l'ami de Wigner la mesure, causant à ce moment le fameux effondrement de
la fonction d'onde. Mais ce n'est pas tout.
Dans notre expérience de pensée, l'ami de Wigner n'est pas le seul à effectuer une mesure. Wigner peut, à son tour, ouvrir la porte
et demander à son ami quel résultat il a obtenu. Le laboratoire (et son
ami à l'intérieur) est donc en quelque sorte contaminé par la particule
et se retrouve lui aussi dans une superposition d'étatstant que Wigner n'a pas eu sa réponse.
Wigner
(le vrai, pas celui du paradoxe) pose alors la question suivante :
quand l'effondrement de la fonction d'onde de la particule se produit-il
? au moment où son ami a pris connaissance du résultat ou lorsque ce
dernier lui a été transmis ? Pour Wigner, la consciencede
son ami suffisait à causer l'effondrement catégorique et définitif de
la fonction d'onde, mais avait-il seulement raison ? Qu'en aurait-il été
si son ami avait été un ordinateur ?
Le physicien Eugène Wigner, à l'origine du paradoxe de l'ami de Wigner.
Symphonie pour quatre observateurs et deux particules
Venons-en désormais à l'expérience qui nous intéresse aujourd'hui. « Pour
notre recherche, nous avons construit une version étendue du paradoxe
de l'ami de Wigner, proposée pour la première fois par Časlav Brukner,
de l'université de Vienne », écrit Eric Cavalcanti, coauteur de l'étude parue dans la revue Nature Physics.
Dans ce nouveau scénario, nous faisons la connaissance d'Alice et Bob
(dans le rôle de Wigner), de Charlie et Debbie (dans le rôle de son ami)
et d'une paire de particules intriquées (dans le rôle de... la
particule).
Charlie et Debbie se trouvent
chacun dans leur propre laboratoire : tandis que Charlie a pour mission
de mesurer la particule a de la paire intriquée, Debbie se charge de la
particule b. (Rappelons que, conformément au principe d'intrication
quantique, si Charlie mesure un état de 1, Debbie trouvera forcément 0
de son côté, et vice versa.) À l'extérieur, Alice et Bob (que nous
qualifieront de superobservateurs) font chacun rouler un dé à trois
faces (I, II, III) :
si
le résultat est égal à I : le superobservateur ouvre la porte du
laboratoire et demande à son acolyte quel résultat il a obtenu ;
si
le résultat est égal à II ou III : le superobservateur laisse la porte
fermée et choisit alors de mesurer la particule lui-même, en faisant fi
du résultat obtenu par son acolyte.
Les
duos suivent cette procédure sans se préoccuper l'un de l'autre et, à
la fin de l'expérience, Alice et Bob comparent leurs résultats afin de
calculer le taux de corrélation pour l'ensemble des paires de
particules. Tout est clair ? Maintenant, abordons brièvement et le plus
simplement possible la manière dont les chercheurs s'y sont pris pour
tester ce paradoxe expérimentalement.
La parenthèse pratique
Dans ce contexte plus concret, une paire de photons polarisés et intriqués est générée et passe par un système complexe de filtres, de prismes, de miroirs et de capteurs.
La principale chose à comprendre est que le photon passe d'abord au
niveau d'un filtre qui détermine sa trajectoire (par exemple gauche ou
droite) en fonction de sa polarisation (1 ou 0). Il a ensuite deux
options :
soit il poursuit sa route directement vers un interféromètre qui mesurera son état ;
soit il passe par un deuxième filtre qui annule l'effet du précédent avant que le photon ne parvienne à l'interféromètre.
Ici,
le premier filtre désigne l'acolyte, tandis que l'interféromètre prend
la place du superobservateur. Dans le premier cas, décrivant la
situation où le lancer de dé est égal à I, le résultat obtenu par le
filtre/acolyte est directement transmis à
l'interféromètre/superobservateur (la porte est ouverte). Dans le
second, où le lancer de dé est égal à II ou III, l'observation de
l'acolyte est en quelque sorte effacée, et le photon est mesuré
directement par le superobservateur (la porte reste fermée). Dans
l'expérience, le lancer de dé est généré aléatoirement pour chaque
interféromètre, à chaque nouvelle paire de photons.
Voici
ci-dessous une version très schématique d'une moitié de l'appareil,
accompagnée de sa version originale et complète (on vous laisse nous
dire laquelle vous préférez).
Afin
de confronter leurs résultats expérimentaux avec les prédictions de la
physique classique, les chercheurs établissent leurs calculs théoriques
sur trois postulats de base, formant ensemble un principe baptisé
« amicabilité locale » par Cavalcanti :
absoluité des événements observés(AOE) :
une fois la première observation faite, l'effondrement de la fonction
d'onde est absolu est définitif, il n'y a pas de versions alternatives
ou de modifications possibles ;
principe de localité : (rappel) les particules ne peuvent pas s'influencer mutuellement plus vite que la lumière ;
absence
de superdéterminisme (NSD) : le libre arbitre et l'aléa sont
préservés ; le résultat des lancers de dés, par exemple, ne saurait être
influencé par un autre événement dans ou en dehors de l'expérience : il
est entièrement aléatoire.
Une fois
le seuil de corrélation théorique calculé, l'équipe a mené pas moins de
90.000 tests. Comme elle s'y attendait, les corrélations obtenues
expérimentalement violent systématiquement les postulats de Bell. Mais,
plus intéressant encore, les résultats ne violent le principe
d'amicabilité locale (remettant en cause au moins l'un des trois
postulats de départ ci-dessus) que lorsque l'intrication est
suffisamment forte : en perturbant partiellement l'harmonie des paires
de photons, les chercheurs ont constaté qu'au-delà d'un certain seuil,
les résultats empiriques rejoignent les prédictions.
Cette
distinction permet de démontrer que les postulats de Bell et ceux de
l'amicabilité ne sont pas équivalents. Afin d'obtenir des résultats
théoriques en accord avec les mesures effectuées dans la réalité, il
nous faudra donc abandonner au moins l'un des trois postulats posés par
le principe d'amicabilité locale. Et les implications d'une telle
découverte sont profondes.
Faudra-t-il mettre à jour notre réalité ?
Comme
nous le disions au début de notre article, la mécanique quantique
avance parfois à rebours des postulats édictés par le sens commun ; « l'avancée dans ce cas est que nous discernons un peu mieux quels postulats nous devons abandonner », commente Ken Wharton,
un physicien de l'université de San José, qui n'a pas pris part à
l'étude. En attendant que de nouveaux résultats expérimentaux nous
fournissent de plus amples éléments de réponse, les théories
continueront de foisonner, certains scientifiques affirmant que les
événements futurs peuvent affecter des observations passées
(rétrocausalité), que chaque observation provoque la naissance d'univers
parallèle (hypothèse des multivers), ou encore qu'il n'existe pas de
réalité objective. Prochaine étape pour les chercheurs : reproduire
l'expérience à des échelles de grandeur supérieure afin de voir jusqu'où
la théorie quantique tient bon, et si ses conclusions s'appliquent à
notre niveau de perception.
Merci à tous les lecteurs qui auront suivi cet article jusqu'au bout !
Je tiens à remercier humblement Zeeya Merali, dont l'article, publié dans Scientific American, a permis de dissoudre toutes mes incertitudes sur ce sujet (n'en déplaise aux physiciens quantiques).
Pour
la plupart d'entre nous, un fait est un fait. Il peut être prouvé et
correspond à une réalité objective unique. Mais le monde de la physique
quantique s'apprête une fois de plus à ébranler nos certitudes. Ses lois
particulières autoriseraient la coexistence de plusieurs réalités
différentes.
« Vous avez droit à votre opinion, mais pas à vos propres faits. » C'est ce qu'avait déclaré à l'occasion d'une conférence de presse en fin d'année dernière, Paul Romer, prix Nobel d’économie 2018 pour ses travaux sur les vertus et les nuisances de l'activité économique sur le climat.
Mais aujourd'hui, des chercheurs de l'université d'Édimbourg (Écosse)
viennent remettre en cause cette affirmation. Selon eux, il existerait
plus d'un seul monde objectif. D'un point de vue quantique, tout du
moins.
Rappelons au préalable que la méthode scientifique
repose par principe sur des observations et sur des mesures
reproductibles. Un fait scientifique ne peut ainsi être qu'objectif et
accepté par tous les observateurs. Car, dans notre monde, lorsqu'il
arrive quelque chose, il arrive indéniablement quelque chose !
“
Dans le monde quantique, les observateurs jouissent d’un grand pouvoir
Rappelons qu'en revanche, dans le monde quantique,
les observateurs jouissent d'un grand pouvoir. Il est en effet admis
que le simple fait d'observer un système quantique provoque une sorte
d'effondrement vers un état spécifique. Ainsi, une particule qui, selon
la théorie, peut se trouver dans plusieurs états à la fois -- les
chercheurs parlent de superposition -- choisit instantanément son camp
dès qu'elle est observée.
L’expérience
du chat de Schrödinger montre le pouvoir de l’observateur dans le monde
quantique. Le chat en question, pris au piège dans une pièce fermée,
doit en effet être considéré comme à la fois mort et vivant jusqu’à ce
qu’il puisse être observé dans l’un ou l’autre de ces états.
Un ordinateur quantique et des photons pour démonter la réalité
En 1961, le physicien Eugène Wigner imagina une expérience de pensée
intéressante. Il se demanda ce qu'il adviendrait si un observateur
était lui-même observé. Dans une pièce fermée, un ami de Wigner effectue
une mesure quantique. À l'extérieur de cette pièce, Wigner n'a pas
accès au résultat de la mesure. Il en est réduit à décrire son ami et le
système mesuré comme une superposition de tous les états possibles. Car
les deux sont enchevêtrés. D'où le paradoxe. La réalité perçue par
Wigner et son ami est différente. Pour en donner un exemple « concret »,
l'ami de Wigner saura si le chat de Schrödinger est mort ou vivant alors que pour Wigner, il restera à la fois mort et vivant.
Cette
expérience de l'existence, dans l'univers quantique, de deux réalités
objectives, a aujourd'hui pu être testée par les physiciens de
l'université d'Édimbourg grâce à un ordinateur quantique constitué de trois paires de photons
intriqués. Sur le principe proposé par Caslav Brukner, chercheur à
l'université de Vienne (Autriche), de considérer deux couples « Wigner
et son ami », les amis en question étant placés dans deux pièces
différentes. La première paire de photons tient ainsi la place du
système quantique mesuré. La deuxième paire figure les amis de Wigner et
la troisième paire, enfin, les deux versions de Wigner lui-même.
Il
aura fallu aux physiciens des semaines entières pour collecter
suffisamment de données et arriver à la conclusion suivante : l'état du
système mesuré par plusieurs observateurs peut être différent et ainsi,
la mécanique quantique peut être incompatible avec la notion de faits
objectifs. Mais ils soulignent toutefois que cette conclusion repose sur
quelques hypothèses qui restent possiblement à valider. Comme le fait
qu'un photon puisse être considéré comme un observateur.