Roger Assaf, dramaturge libanais, ainsi que la rédaction du site MADANIYA.INFO viennent de remettre Emmanuel Macron à sa place après son discours sur le Liban.
« (…) Votre discours me révolte, parce qu’il occulte délibérément votre responsabilité foncière dans la catastrophe libanaise (quand je dis votre ou vous, il ne s’agit pas bien sûr de vous personnellement, mais de l’État français, aujourd’hui, naguère et jadis) », écrit Roger Assaf.
« Vous polarisez votre diagnostic de la crise actuelle sur le Hezbollah », ajoute-t-il. « Or les raisons (légitimes) de l’existence du Hezbollah, les justifications (même si elles servent de prétextes) de leur politique, ont pour origine et pour raison d’être la présence de l’État d’Israël, l’injustice criante de son installation, la perpétuelle impunité de ses crimes, les innombrables agressions perpétrées contre le Liban depuis 1948, (1949, 1952, 1955, 1959, 1961, 1968, 1969, 1970, 1971, 1972, 1974, 1975, 1976, 1977, 1978 suivie de 22 ans d’occupation du Liban-Sud (en majorité chiite), 1979, 1980, 1981, 1982 guerre qui a détruit les infrastructures civiles du pays), 1983, 1984, 1985, etc. etc. etc. »
« Monsieur le Président, J’AI HONTE pour l’État Français et la Communauté internationale pour la désinvolture et/ou l’impuissance de leur attitude à l’égard de l’injustice flagrante, implantée, entretenue, développée, en continuelle expansion, que représente l’État israélien, colonialiste, raciste, super militarisé… et religieux (Monsieur le défenseur de la laïcité et des valeurs républicaines !).
On ne peut pas être à la fois ami du Liban et de Benyamin Netanyahu.
On ne peut pas être à la fois accusateur du Hezbollah et complice (ou témoin silencieux) de la colonisation sauvage de la Palestine occupée.
On ne peut pas à la fois exiger le désarmement du Hezbollah et autoriser l’arsenal nucléaire israélien.
On ne peut pas à la fois pleurer sur la détresse du peuple libanais et détourner les yeux de la tragédie humaine de Gaza… (Cette liste n’est pas exhaustive).
Qu’avez-vous fait pour libérer le Liban de l’occupation israélienne (1978 – 2000) ? Ni vous, ni l’État libanais n’ont aidé la résistance libanaise et réussi à mettre fin à cette odieuse violation du droit international ?
Qu’avez-vous fait en 2006 pour faire échec à la scandaleuse agression massive de l’aviation et de l’artillerie israéliennes, ni vous, ni l’État libanais, mais la formidable solidarité du peuple libanais autour des combattants du Hezbollah ?
Que ferez-vous dans l’avenir si, en supposant le Hezbollah désarmé, le Liban subissait une nouvelle agression ? Probablement rien de concret, mais je sais au plus profond de moi que le peuple libanais inventera sa future résistance, à l’image de l’insurrection civile actuelle, citoyenne et non confessionnelle ?
(…) Les dirigeants libanais sont la mafia qui vampirise les libanais, les dirigeants du monde ne sont que les serviteurs de la mafia qui extorque les ressources de la planète, en vampirisant de préférence les peuples au-delà de leurs frontières.
Continuez votre politique, persévérez dans vos politiques discriminatoires, mais épargnez-nous vos discours déontologiques.
NOTE DE LA RÉDACTION DE MADANIYA.INFO
« Emmanuel Macron a servi aux Libanais sa recette habituelle: la poudre de perlimpinpin.
Il cite nommément le Hezbollah, mais omet de mentionner son protégé Saad Hariri ; le trio sunnite, Fouad Siniora, Najib Mikati et Tammam Salam dont il dilue la responsabilité dans le vocable collectif mais anonyme de « classe politique ». De même que le grand absent de son sermon dominical Riad Salameh, le si décrié gouverneur de la Banque du Liban.
Jupiter de France fustige les Libanais, mais ne souffle mot du jeu nauséabond des États-Unis, qui l’ont littéralement marqué à la culotte après chacun de ses déplacements à Beyrouth. Ni non plus du rôle obstructeur de l’Arabie Saoudite, le chérubin de l’humanité.
Il tance l’Ukraine, la Turquie, le Venezuela, mais s’offusque que le Hezbollah, la sentinelle de l’indépendance libanaise, ait une projection régionale, infiniment plus efficiente en tout état de cause que celle de la France avec ses déboires en Libye, en Syrie voire même au Yémen et en Tunisie.
Le balnéaire du Touquet a le souffle court. Il se parachute au Liban pour s’aligner finalement sur son cerbère américain. Qu’elle est loin la grandeur française... »
Source : https://www.lorientlejour.com/
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