A cause
du blocus israélien sur Gaza, Ziad Medoukh ne pourra pas participer au
congrès de la paix à Toulouse
Ziad Medoukh, directeur du département
de français de l’université Al-Aqsa de Gaza en Palestine, Coordinateur du
Centre de la paix, poète et écrivain d’expression française, qui
devait se rendre en France du 7 au 20 novembre 2014 pour participer à des
colloques, congrès, et conférences organisés par plusieurs associations et
mouvements, ne pourra hélas sortir de Gaza, en
raison du blocus israélien et de la fermeture des passages qui relient la
bande de Gaza à l’extérieur.
Il est invité par le Mouvement de
la paix, pour son congrès annuel des 8 et 9 novembre 2014, à donner plusieurs
interventions sur les différentes activités du Centre de la paix, sur la
résistance pacifique et populaire et sur le développement des actions
non-violentes dans cette région sous blocus.
Ziad Medoukh est invité
également comme intervenant principal au colloque international
organisé par le Mouvement de la paix et l’UNESCO sur la culture de la
paix, à l’université de Toulouse, le 7 novembre.
Il devait donner 7 conférences dans 7
villes du Sud Ouest de la France et deux conférences à Paris organisées par les
associations de solidarité avec la Palestine. Il devait être reçu par des élus
locaux dans ces différentes villes et accorder des entretiens aux médias
locaux.
De plus, Ziad Medoukh, devait
assister à Nancy à la sortie en France de son nouveau livre
intitulé « Chroniques d’un été meurtrier à Gaza, récit d’un génocide
répété ». Un livre qui sortira le 12 novembre aux
éditions Kairos-Nancy, et qui regroupe ses témoignages
quotidiens durant les 50 jours de l'agression israélienne de
l'été dernier
Malgré les efforts considérables du
Consulat de France à Jérusalem qui a servi de coordinateur afin d’aider
l’universitaire palestinien à sortir de Gaza, et malgré l’obtention de
toutes les autorisations de sortie, Ziad Medoukh restera bloqué dans sa prison
à ciel ouvert, comme toute la population de cette région sous blocus
israélien depuis plus de huit ans.
En mai dernier, le poète
palestinien n'a pu recevoir son premier prix poétique à
Paris. En septembre dernier, il n'a pu participer à la fête de
l’Humanité dans la région parisienne, à cause de la fermeture des passages.
Les difficultés de sortie de cet
universitaire montrent la dure réalité vécue par toute une population enfermée,
qui subit un blocus inhumain, et qui vit dans des conditions
insupportables. La bande de Gaza est toujours occupée par l’armée
israélienne qui contrôle le ciel, les frontières et la mer
Presque trois mois après l’arrêt de la
nouvelle offensive israélienne sur la bande de Gaza en été dernier, et malgré
les promesses internationales de faire pression sur le gouvernement israélien
afin qu’il ouvre les frontières et permette la reconstruction de cette région
détruite, rien ne semble changer : le blocus est toujours en place, les
frontières sont toujours fermées, et l’armée de l’occupation israélienne
maintient sa présence sur tous les passages. La réalité dure qu'il faut que le
monde sache est que NOUS SOMMES TOUJOURS OCCUPES A
GAZA
Pour voyager à l’étranger,
les Palestiniens de Gaza sont obligés de passer, soit par le
passage de Rafah au sud , à la frontière avec l’Egypte, soit par des
passages israéliens souvent fermés et interdits pour eux.
Des centaines d’étudiants ont perdu
leurs bourses et inscriptions aux universités étrangères et des dizaines
d’universitaires ne peuvent participer à des conférences et rencontres
scientifiques à l’étranger à cause de ce blocus qui viole le droit
international et devant le silence complice d’une communauté internationale
officielle qui ferme les yeux.
L’armée de l’occupation
israélienne a détruit en 2001 le seul aéroport international de
Gaza, un aéroport construit avec l’argent de l’Europe qui n’a jamais condamné
sa destruction, ni demandé des comptes à cet état d’occupation qui
continue chaque jour de démolir des constructions palestiniennes en Cisjordanie
et dans la bande de Gaza.
Il est très difficile d’imaginer
qu’en 2014, il y ait toujours un peuple, tout un peuple, enfermé,
encerclé, occupé et interdit de sortir de son pays. Quelle injustice !
L’universitaire palestinien
participera quand même à ce colloque, au congrès et quelques conférences en
France via SKYPE. Il enverra
un message qui y sera lu, un message qui traversera les frontières
et s’élèvera au-dessus du blocus de la honte imposé par les forces de
l’occupation israélienne sur plus de 1,8 millions Palestiniens de
Gaza, sous le regard d’un monde officiel qui se dit libre, mais qui
sait et se tait.
Ziad Medoukh remercie de leur soutien
et de leur confiance tous les amis , les solidaires ainsi que
toutes les associations, partout dans le monde . Il poursuivra son
travail avec les jeunes de Gaza, son combat et son engagement, avec ses
mots, sa poésie, et sa plume, pour la levée du blocus israélien inhumain, pour
la liberté de la Palestine, et pour une paix durable qui passera avant tout par
la justice.
C’était en été 2014
Ziad Medoukh
Je me souviens de ce mardi
sinistre,
Un mardi noir pour Gaza,
pour la Palestine et pour
l’humanité :
C’était le début de l'été
C’était le début de l'été
En plein mois de Ramadan
Une journée terrible !
Une journée terrible !
Une journée inoubliable !
Ce fut le début de la nouvelle agression militaire,
Ce fut le début de la nouvelle agression militaire,
Un refrain de tragédie,
Le lancement d'un nouveau carnage,
Le lancement d'un nouveau carnage,
Le lancement
d’un nouveau massacre interminable,
Le lancement
d'une dévastation de cinquante jours,
Opération,
dite bordure de protection,
Contre une
ville assiégée mille fois.
Ce fut
la haine,
Celle qui
assassine les rêves et l’espoir
De ceux qui
voulaient seulement pouvoir y croire.
.
Bombardements
aveugles, attaques barbares
Par des
occupants qui aiment l’odeur du sang.
Tant de
cruauté sanguinaire
Infligée aux
civils
Par une
armée inhumaine
Qui
recommence l’œuvre macabre de sa folie meurtrière.
Des
massacres incessants, au nom du mensonge,
Causent
la mort sans répit de beaucoup d’innocents.
Une nouvelle
guerre portée par les tourbillons du mal
Une
guerre qui a duré longtemps, longtemps….
Jusqu’à
que l’été commence à donner des signes de faiblesse.
Je me souviens de ce mardi.
Le premier mardi de l’été
Sous un grand soleil et une chaleur étouffante.
Les mariages commençaient,
Les familles attendaient les vacances
Les enfants jouaient aux billes en riant
Et la plage de Gaza était comble
En cette période estivale.
Ce fut le jour choisi
Par l’armée de l’occupation
Pour donner aux Gazaouis
Son cadeau, la mort
Une mort renouvelée
A une population impuissante
Une population mort-née.
C’était la
première semaine de juillet 2014,
Quand
soudain….
Une pluie en
plein été,
Une pluie
d’armes qui sème la terreur et l'enfer
Le fracas
des bombes !
L’opaque
noirceur des fumées
Est retombée
après le passage des drones
Les missiles
sifflent dans l’air avant de descendre sur les immeubles
Et les chars
roulent et foulent ce sol funeste
Dans un
bruit de mort implacable, écrasant tout !
Ainsi se
construit une montagne de décombres
Tout est
détruit, brûlé, et saccagé, même les pierres.
Il reste
juste un tas de cendres
Et ma
poésie,
Face à la
cruauté des bombes,
Il reste
juste un cœur en souffrance qui s’exprime.
Une ville
anéantie, une désolation totale.
L’interminable
spoliation d’un peuple commence,
Et une
terreur sans nom s’impose.
Un champ de
ruines effroyable et des cœurs endeuillés
Les morts et
les blessés s’accumulent,
Les
destructions se multiplient…
C'est la
mise en scène d’une exécution,
D’un
pilonnage qui a pour but d’attiser la défiance et la haine.
De notre
ciel aux étoiles fauves,
Un nuage
verse une pluie de bombes
Et l’odeur
du thym est dominée dans le sifflement des missiles
Par l'odeur
des corps mutilés, calcinés, déchiquetés et carbonisés.
Des enfants
par dizaines reposent sous la terre.
Ils
croient que c'est un jeu et,
Que les
grands vont les réveiller tout de suite.
Tout un
peuple est ainsi
Dans la
souffrance,
Dans les
tribulations
Et dans les
larmes.
L’escalade
est ainsi imposée dans l’horreur,
La paix est
ainsi tristement amputée,
Ainsi, les
massacres passent et se ressemblent,
L’enfer
habite sur notre toit pendant cinquante jours.
Et chaque
jour apporte sa triste moisson de victimes innocentes
Gaza la
crucifiée, Gaza lapidée, Gaza défigurée et Gaza divinisée !
Avec sa
pugnacité et sa volonté farouche, Gaza a payé de nouveau.
Ô ma ville à
fleur de malheur et de misère,
Tant de
larmes et de sang creusent tes sillons.
Une nouvelle
tragédie effroyable, une navrante injustice !
Et l’horreur
de la mort par asphyxie progresse.
Le cœur est
en panne de sentiments,
Les plaies
sont indélébiles,
Gaza la
douloureuse aux couleurs de la souffrance,
Ville des
oliviers millénaires,
Terre des
hommes pieux et gisement des connaissances!
Sur cette
terre, le ciel a pleuré en plein été
Pour les
enfants innocents, même ceux qui sont à peine nés,
Ces pauvres
anges sacrifiés
Qui ne
demandent qu'à grandir à la lumière d’un olivier et,
Qui n’ont
pas eu la chance de s’épanouir,
Enfants
frustrés, hurlant, pleurant et criant
Sous
le déferlement des bombardiers, et par centaines
Tués à côté
de leurs maisons
Enveloppés
de linge blanc
Et montés au
ciel, rapidement,
En passant
par des cimetières vivants !
Une mort
rapide qui a remplacé la mort lente du blocus étouffant !
Devant des
images impitoyables et cette effroyable réalité
Images
d’horreur rajoutées à l’horreur qui s’abat sur Gaza,
Un silence assourdissant
et l’hypocrisie latente
D’un monde
officiel indifférent qui se tait et détourne le regard,
Avec des
positions indécentes.
Face à ce
génocide répété et incomparable,
Des médias
aux oreilles sourdes qui martyrisent la vérité.
Mais se
lèvent des masses populaires éprises de justice et de paix,
Des
solidaires sensibles et courageux.
Le sang et
l’âme de la Palestine brûlent en eux,
Et leur cœur
saigne pour elle.
Ils crient
et hurlent leur colère infinie et leur indignation devant ce crime planifié
Devant cette
folie meurtrière et abjecte !
Ils
déchirent les bâillons imposés et manifestent un soutien indéfectible
Contre des
monstres qui tuent et massacrent à Gaza,
Contre la
détresse humaine de notre enclave.
Et c'est un
réveil mondial, une imposante mobilisation internationale
Qui prouve
que la fierté de défendre les Palestiniens inonde le monde
Que le monde
est en émoi et
Que les
criminels sont aux abois.
En dépit de
ce nouveaux carnage, Gaza la belle résiste,
Résistance,
audace, bravoure.
De son
sang, elle arrose les racines de la victoire.
Gaza le cri
de la beauté dans cette sombre époque,
Gaza la voix
à la sonorité du courage,
Gaza la
noblesse du cœur
Continue de narguer
l’armée de l’occupation qui a arraché ses oliviers,
Qui a
tué la colombe de la paix.
Une
occupation construite sur l’élimination de l’autre
Doit cesser
de tergiverser,
Doit cesser
de rester impunie.
Gaza la
millénaire de foi inébranlable existe
Avec son
peuple plein d’amour et d’espérance
Avec son
peuple qui incarne la référence des références de résistance.
Un
peuple fier, confiant, courageux, soudé et solidaire,
Un peuple
qui rejette la vengeance et l’esprit de vengeance,
Un
peuple fermement implanté sur sa terre, comme les oliviers.
Il ne
sera jamais brisé, car, soit il vit libre, la tête haute
Soit, il
meurt comme les arbres, débout.
Gaza,
éveilleuse de conscience, persiste malgré la mort qui rode,
Et malgré
les tribulations et les souffrances.
Gaza, cette
inébranlable confiance devant la plus indescriptible des violences
Gaza, avec
sa volonté intacte, résiste contre l’injustice meurtrière
Et sa
maladie d’espoir continue de nourrir le cœur des Palestiniens.
Tandis que
coulent les rivières, Gaza la libre résiste et résiste !
Et jusqu’à
la dernière pulsation de nos veines, Gaza la combattante résiste !
Notre avenir
sera doux et fécond, et le soleil de la paix brillera.
Les
oppresseurs, et les briseurs de rêves de nos enfants ne gagneront jamais !
Tout ce
qu’est bâti sur l’injustice est voué à la destruction.
Malgré toute
cette obscurité, la lumière ne tardera pas à éclater
Car Gaza, la
dimension humaniste et la force de vie, cherche
Quelle
chandelle allumer plutôt que de maudire l’obscurité.
Que la
lumière de Gaza veille et jaillisse comme la sentinelle de la paix.
Et notre
douleur mêlée à la fierté pâlira.
Gaza,
convaincue que l’injustice ne dure pas éternellement,
Vit avec
ardeur et enthousiasme,
Attend
que justice soit rendue
A l’encontre
des oppresseurs et des criminels impardonnables,
Sans cœur et
sans pitié.
Gaza
l’héroïque s’attache à la vie
Et
chaque matin à Gaza n’est que rayon d’espoir et de liberté.
Il est
aveugle celui qui ne voit pas combien Gaza aime la vie
Il est temps
que notre foi en l’avenir soit reconnue
Il est temps
de réaliser que l’amour ne peut être ruiné
Dans cette
prison sans horizon
Il est
temps….
Que l’espoir
palestinien né à Gaza donne une leçon
D’humilité
aux puissances complices de ce monde,
L’espoir de
croire en l’Humanité !
ZIAD MEDOUKH
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