un journaliste allemand dans l'état islamiste
https://www.youtube.com/watch? v=nto0SKOFLTs
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Pourquoi le déclenchement d’une guerre civile en Europe n’a rien d’une vue de l’esprit mais relève bien d’un implacable projet appliqué par l’Etat Islamique »Par Labiche le 23/12/2014
J-1Les actions se réclamant du terrorisme islamiste en Occident, si elles proviennent souvent d’actes isolés, s’inscrivent dans une stratégie plus large, théorisée en 2004 par un dénommé Abou Moussab Al-Souri dans un ouvrage de 2 500 pages. Objectifs : un désordre permanent et des clivages marqués, qui doivent permettre au djihadisme international de triompher.
Atlantico : En 2004, Abou Moussab Al-Souri, théoricien du djihadisme, publiait un ouvrage de 2500 pages donnant les indications des actions à mener pour composer un djihadisme mondial, qui ne s’arrêterait pas à la seule région du Proche et Moyen-Orient. Qu’est-ce qui dans ses écrits prédit un projet de guerre civile ? Quelle était le processus imaginé en théorie
Alain Rodier : Tout d’abord, Abou Moussab Al-Souri, de son vrai nom, Setmariam Nazar possédant la double nationalité syro-espagnole (par mariage), est un idéologue d’Al-Qaida « canal historique », bien qu’ayant toujours fait preuve d’une grande indépendance personnelle vis-à-vis de la direction du mouvement.
Comme cela est dit dans le film « les barbouzes », « il encombre aux archives » de tous les services de renseignement. Seul détail gênant, depuis sa libérations des geôles syriennes en 2011 (il avait été « rendu » au régime de Bachar el-Assad par les Américains – qui l’avaient arrêté en 2005 – quand celui-ci était encore fréquentable), personne ne sait où il est passé. Ses théories vont à l’opposé de celles de Daech dans le cadre de la création d’un « État » islamique. Il jugeait cette façon de faire comme trop dangereuse car présentant une cible trop facile à frapper par les Occidentaux. Ayant une grande connaissance de l’étranger, il prônait la créations de cellules clandestines sans liens avec un commandement central pour ne pas se faire détecter. Ces cellules devaient pouvoir passer à l’action avec leurs propres moyens pour déclencher une guerre civile en créant des divisions entre les musulmans et les populations locales.
L’Etat islamique semble vouloir « rationaliser » ses actions sur le territoire européen – et français – avec des appels à recrutement, et à mener des actions, lancées depuis la Syrie notamment. En quoi leur modèle d’importation de la « guerre civile » en France diffère-il de celui des précurseurs d’Al-Qaïda ? Pourquoi ? (…)
Daech, à la différence d’Al-Qaida « canal historique », ne possède pas (encore) de « réseau » à l’étranger. (…)
Le problème réside dans le fait que des individus isolés trouvent dans la « cause » de l’État Islamique la raison de passer à l’action. Cette « cause » est différente de celle d’Al-Qaida car il existe aujourd’hui un véritable État islamique situé à cheval sur la Syrie et l’Irak. C’est du « concret ». (…)
Le principe pour recruter des activistes est de les valoriser personnellement en leur démontrant qu’ils sont « maltraités » par la société. (…)
Un journaliste en immersion dans l’EI : « Nous allons conquérir l’Europe et nous tuerons 500 millions de personnes » (Màj vidéo)
Un voyage dangereux, mais éclairant. Écrivain et homme politique allemand de 74 ans, Jürgen Todenhöfer a passé dix jours dans les territoires de l’organisation État islamique (EI). Il s’est enfoncé dans les zones contrôlées par les djihadistes: en Irak et en Syrie, à Mosul, la « capitale » de l’EI, mais aussi à Raqqa et à Deir Zeeor. Là, il a côtoyé les autoproclamés combattants de Dieu, les populations sous leur coupe et le mode de vie imposé. Il a aussi pu voir l’engouement de certains, l’armement des autres. Et il a interviewé, pour la première fois, Abu Bakr al-Bagdadi, le chef de l’organisation. [...]
Il a déjà livré ses premières impressions, notamment lors d’une interview accordée à CNN . « L’Etat Islamique est bien plus puissant et bien plus dangereux » que ce que l’Occident pense, a-t-il notamment déclaré.
A Mossoul, il a constaté que « la ville continue de tourner et que de nombreuses personnes apprécient même la stabilité que l’État Islamique a apporté« , et ce malgré les meurtres, l’application stricte de la charia et le fait que 130 000 chrétiens ont été chassés de la ville, tout comme les musulmans chiites (les djihadistes de l’EI sont sunnites, ndlr). Évidemment, la peur est dans l’air parmi les habitants qui craignent la très forte répression, note-t-il.
Todenhöfer a également été abasourdi par la dévotion des combattants et leur volonté de mourir sur le champ de bataille. « Ce ne sont pas des imbéciles. L’un d’eux venait de terminer sa licence de droit, il avait de très belles offres de travail, mais il a préféré tout plaquer pour la guerre. J’ai même rencontré des Européens et des Américains« , ainsi que des enfants de 13 ans assurant avoir déjà combattu, note l’auteur, avant d’ajouter que « 50 combattants se présentent tous les jours pour grossir les rangs« .
L’un des épisodes les plus forts de son voyage a été la rencontre avec un djihadiste allemand parlant au nom du commandement de l’EI. « Nous allons conquérir l’Europe un jour. La question n’est pas de savoir si nous allons le faire, mais quand. Pour nous, c’est l’évidence (…) notre expansion sera perpétuelle et les Européens doivent savoir que quand nous viendrons, ce ne sera pas joli. Ce sera avec nos armes. Et ceux qui ne se convertissent pas à l’Islam ou qui ne payent pas la taxe islamique seront tués« , lui a expliqué ce combattant. [...]
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