La
patience face à l’impuissance !
Ziad Medoukh
Presque six mois après la fin de la nouvelle agression
israélienne contre la bande de Gaza en juillet-août 2014, la situation reste
très grave à tous les niveaux, surtout sur le plan humanitaire et
économique, pour plus de 1,8 millions de Palestiniens de Gaza toujours isolés
et enfermés, malgré, partout dans le monde, la mobilisation internationale
contre les crimes israéliens et
malgré les promesses internationales de reconstruction rapide.
On peut dire que la situation actuelle dans la bande de
Gaza est stagnante, rien ne bouge, rien ne change, sur tous les niveaux. Les
choses n’avancent pas: ni au niveau de la reconstruction, ni au niveau de la
réconciliation, ni au niveau politique, mais le sentiment qui domine c’est l’absence de perspectives pour l’avenir.
Les habitants de Gaza essayent de montrer leur capacité à
dépasser cette période difficile à travers une vie plus ou moins normale, mais
sur leurs visages on lit la tristesse, voire l'inquiétude d'une population
impuissante qui vit toujours sous blocus et qui est toujours enfermée dans une
prison à ciel ouvert.
Cette situation touche toute la population gazaouite
souffrante, qui se voit abandonnée à son
sort par une communauté internationale silencieuse.
Actuellement, plus 20.000 personnes qui ont perdu leur
logement suite à l’agression israélienne de l’été dernier, et qui vivent dans
des centres d’accueils ne parviennent pas à réparer les pièces de leurs maisons
détruites, car les matériaux de construction n’entrent pas suffisamment, par
ordre militaire israélien.
Au début de février 2015, le bureau des Nations-Unies
pour les réfugiés palestiniens-UNRWA- a décidé de suspendre ses aides
financières et alimentaires aux sans abris et aux milliers de personnes qui ont
perdu leurs maisons et leurs biens, ce qui aggrave la situation, notamment pour
les quelques 70.000 personnes qui ont loué des appartements auparavant payés par
l’organisation internationale.
Ces sans abris, soit ils ont dressé des tentes à côté de
leurs maisons détruites pour y vivre, même dans des conditions inacceptables,
surtout avec l’hiver, soit sont retournés vivre dans les centres d’accueil dans
des conditions plus graves.
En outre, les pays et les organisations internationales
ne versent pas l’argent pour les projets de reconstruction, seulement 10% de cet
argent promis lors de la conférence internationale sur la reconstruction
de la bande de Gaza au Caire, en octobre dernier, est arrivé.
On peut dire, que six mois après, aucun projet de reconstruction
personnel ou public n’a commencé.
Le gouvernement israélien refuse pour le deuxième mois
consécutif de transmettre les recettes des impôts à l’autorité palestinienne, cette dernière se
trouve incapable de payer les salaires de ses fonctionnaires, parmi eux,
130.000 de Gaza, ce que rend l’économie dans la bande de Gaza chaotique.
En plus, dans la bande de Gaza, pénurie d’électricité et
de carburants, pénurie d’eau et de gaz. Il manque beaucoup de médicaments et de
produits alimentaires à cause du blocus.
Six mois, après, rien ne semble différent pour les
Palestiniens de Gaza, toujours à la recherche d'une solution politique et pas
seulement humanitaire, suite à leur résistance remarquable contre les armes de
l'aviation, de la marine et la force terrestre israéliennes. Le blocus dure
depuis plus de huit ans, les passages et les frontières avec l'extérieur sont
souvent fermés par ordre militaire israélien et les produits alimentaires et
autres qui entrent à Gaza sont rares. Les autorités israéliennes ouvrent le seul
passage commercial qui relie la bande de Gaza à l’extérieur deux ou trois
fois par semaine pour permettre l'entrée de 200 camions et quelques
convois humanitaires. Parmi ces camions, 5 à 6 seulement
contiennent des matériaux de construction, souvent destinés aux projets
internationaux. Ce passage se ferme sous n’importe quel prétexte, par décision
israélienne, sans prendre en considération les besoins énormes de la
population civile.
L’armée israélienne viole presque tous les jours l’accord
du cessez le feu, et ne respecte pas la trêve. Souvent, les chars israéliens
mènent des incursions dans la bande de Gaza, les soldats contrôlent
toujours les zones tampons sur les zones frontalières et tirent sur les
paysans. La marine israélienne empêche l’extension de la zone de pêche et tire aussi
sur les pêcheurs palestiniens et leurs bateaux.
Au niveau de la réconciliation, la division est toujours
là, et la tension se poursuit entre les
différents partis et mouvements palestiniens qui pourraient amorcer
le début de la reconstruction de la bande de Gaza. Malgré la création du
gouvernement d'union nationale dans les territoires, et malgré la solidarité
interne et les signes d'union lors de la dernière offensive israélienne,
les points de divergence prédominent actuellement entre ces partis, empêchent
la réconciliation palestinienne de progresser et retardent les projets de
reconstruction.
Sur le plan politique, aucune résolution dans l’immédiat,
à part la mobilisation et la solidarité populaire avec les habitants de Gaza,
les gouvernements et les organisations internationales semble fermer les yeux
sur ce qui se passe dans cette région sous blocus.
Les habitants de Gaza sont toujours dans l’attente d’une
solution, d’un changement .Avec leur patience exemplaire, leur volonté
remarquable, et leur persistance quotidienne, ils attendent la levée
du blocus, l’ouverture des passages et des frontières qui les relient à
l'extérieur, la fin de leur souffrance, et le jugement des criminels
israéliens.
C’est vrai que les
Palestiniens de Gaza sont toujours
confiants et déterminés, ils continuent de résister et d’exister, même à côté
des ruines de leurs maisons détruites, avec leur seule arme, le courage. Ils espèrent
un changement radical, une solution politique qui leur permettrait enfin de
vivre libres sur leur terre.
La question qui se pose à la fin : jusqu’à quand les
Palestiniens de Gaza vont-ils encore patienter ?
Reportage photographique de ZIAD:
cliquez sur les photographies, merci.
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