La pourriture du régime afghan mis en place par l’Occident
Après avoir
essayé d’étouffer l’affaire, le scandale a finalement éclaté et fait du
bruit aux USA, concernant la mort de militaires afghans dans l’hôpital
militaire de Kaboul, faute d’avoir pu payer les pots-de-vin nécessaires
pour se faire soigner.
Article du Monde :
"Les morts de l’hôpital militaire de Kaboul embarrassent un général américain
Des officiers américains ont accusé, mardi 24 juillet, l’un des plus hauts responsables militaires américains en Afghanistan d’avoir tenté d’étouffer un scandale dans un hôpital militaire de Kaboul, où certains soldats afghans étaient morts faute de nourriture et de soins. Le général William Caldwell, qui dirigeait la mission d’entraînement des forces de l’OTAN en Afghanistan (NTM-A), n’aurait pas souhaité faire remonter de "mauvaises nouvelles" du terrain à l’approche des élections parlementaires américaines de 2010.
Connu depuis l’an dernier, ce scandale sanitaire prend une dimension politique aux Etats-Unis cette semaine. Une commission de surveillance de la Chambre des représentants a auditionné mardi plusieurs officiers qui affirment avoir été dissuadés par le général William Caldwell, courant 2010, de saisir l’inspection générale du ministère de la défense. Les termes qu’ils emploient sont d’une rare violence, parlant de conditions évoquant celles qui régnaient "à Auschwitz".
Les représentants, ulcérés par l’affaire, selon le Wall Street Journal, ont transformé l’audition en un vaste questionnement sur la nécessité de continuer de soutenir un gouvernement afghan jugé corrompu et inefficace.
L’affaire a été rendue publique en 2011 par des formateurs de l’armée américaine, envoyés en soutien dans l’hôpital militaire Dawood de Kaboul l’année précédente. Consultants dans un établissement géré par les forces afghanes, qui ne traite que des soldats et des policiers afghans, ils affirment avoir décrit à plusieurs reprises à leur hiérarchie, photos et témoignages à l’appui, une situation d’horreur.
Plusieurs patients étaient morts de simples infections parce que leurs bandages n’avaient pas été changés durant des semaines, avaient-ils raconté, en 2011, au Wall Street Journal. Au moins quatre étaient morts de complications liées à la malnutrition. Selon ces officiers, des médecins et des infirmières corrompus n’hésitaient pas à refuser des soins de base aux malades dont les familles ne pouvaient pas payer de pot-de-vins.
Dès 2006, des officiers américains avaient déjà signalé de sévères dysfonctionnements, dont des cas de malnutrition, au ministère afghan de la défense, sans résultat. En 2008, des médecins s’étaient plaints à l’administration hospitalière de la mauvaise qualité de la morphine qu’ils distribuaient aux patients, selon des documents internes rassemblés par la NTM-A. Des tests révélèrent que la morphine qu’ils croyaient injecter aux patients n’en était pas. Le véritable analgésique était revendu à l’extérieur de l’hôpital.
Dans un e-mail au général Caldwell, daté du 25 août 2010 et cité par le Wall Street Journal, l’un des conseillers affirmait que le patron de l’hôpital, le général afghan Ahmad Zia Yaftali, était soupçonné par des enquêteurs de l’armée afghane d’avoir détourné 153 millions de dollars de fournitures médicales dans son hôpital. Quelques mois plus tard, en décembre 2010, le général afghan était suspendu sans explication. Selon le New York Times, le patron de l’OTAN en Afghanistan, le général David Petraeus, était intervenu directement auprès du président afghan Hamid Karzaï. Mais les mauvais traitements dans l’hôpital n’ont pas pour autant cessé.
Les officiers américains qui avaient sonné l’alarme auraient pu en rester là. Mais la réponse de leur hiérarchie à ces morts inutiles leur a paru insuffisante. Mardi, l’un d’entre eux, le colonel Gerald Carozza, un juriste militaire désormais retraité, a affirmé aux représentants que "le général [Caldwell] ne voulait pas que de mauvaises nouvelles émanent de son quartier général avant l’élection". Celui-ci,"comme de trop nombreux généraux, était trop porté sur le message [à faire passer], créant un climat étouffant pour ceux qui devaient faire face à la réalité", précise le colonel Carozza dans un témoignage écrit.
Le colonel Mark Fassl, inspecteur général au sein de la NTM-A, également auditionné mardi, a tenu les mêmes accusations. "Sa première réponse a été de demander comment on pouvait songer à faire une telle requête [à l’Inspection générale] à l’approche des élections", a-t-il raconté. "Puis il m’a fait cette remarque vraiment choquante : ’Il m’appelle Bill’". Le général faisait référence, selon son subordonné, au président Obama, qui l’appellerait par son prénom.
L’Inspection générale du Pentagone enquête sur les accusations à l’encontre du général Caldwell, dorénavant basé au Texas. Selon le Wall Street Journal, l’intéressé se défend en soutenant avoir été favorable à une enquête sur l’hôpital, qui devait selon lui être menée par des responsables afghans. Il illustre en cela les difficultés d’une armée américaine qui avance à marche forcée pour céder, d’ici à la fin 2014, l’essentiel de ses responsabilités à une armée afghane encore mal équipée, mal entraînée, divisée par les luttes de pouvoir et la corruption."
"Les morts de l’hôpital militaire de Kaboul embarrassent un général américain
Des officiers américains ont accusé, mardi 24 juillet, l’un des plus hauts responsables militaires américains en Afghanistan d’avoir tenté d’étouffer un scandale dans un hôpital militaire de Kaboul, où certains soldats afghans étaient morts faute de nourriture et de soins. Le général William Caldwell, qui dirigeait la mission d’entraînement des forces de l’OTAN en Afghanistan (NTM-A), n’aurait pas souhaité faire remonter de "mauvaises nouvelles" du terrain à l’approche des élections parlementaires américaines de 2010.
Connu depuis l’an dernier, ce scandale sanitaire prend une dimension politique aux Etats-Unis cette semaine. Une commission de surveillance de la Chambre des représentants a auditionné mardi plusieurs officiers qui affirment avoir été dissuadés par le général William Caldwell, courant 2010, de saisir l’inspection générale du ministère de la défense. Les termes qu’ils emploient sont d’une rare violence, parlant de conditions évoquant celles qui régnaient "à Auschwitz".
Les représentants, ulcérés par l’affaire, selon le Wall Street Journal, ont transformé l’audition en un vaste questionnement sur la nécessité de continuer de soutenir un gouvernement afghan jugé corrompu et inefficace.
PAS DE SOINS SANS POTS-DE-VINS
L’affaire a été rendue publique en 2011 par des formateurs de l’armée américaine, envoyés en soutien dans l’hôpital militaire Dawood de Kaboul l’année précédente. Consultants dans un établissement géré par les forces afghanes, qui ne traite que des soldats et des policiers afghans, ils affirment avoir décrit à plusieurs reprises à leur hiérarchie, photos et témoignages à l’appui, une situation d’horreur.
Plusieurs patients étaient morts de simples infections parce que leurs bandages n’avaient pas été changés durant des semaines, avaient-ils raconté, en 2011, au Wall Street Journal. Au moins quatre étaient morts de complications liées à la malnutrition. Selon ces officiers, des médecins et des infirmières corrompus n’hésitaient pas à refuser des soins de base aux malades dont les familles ne pouvaient pas payer de pot-de-vins.
Dès 2006, des officiers américains avaient déjà signalé de sévères dysfonctionnements, dont des cas de malnutrition, au ministère afghan de la défense, sans résultat. En 2008, des médecins s’étaient plaints à l’administration hospitalière de la mauvaise qualité de la morphine qu’ils distribuaient aux patients, selon des documents internes rassemblés par la NTM-A. Des tests révélèrent que la morphine qu’ils croyaient injecter aux patients n’en était pas. Le véritable analgésique était revendu à l’extérieur de l’hôpital.
Dans un e-mail au général Caldwell, daté du 25 août 2010 et cité par le Wall Street Journal, l’un des conseillers affirmait que le patron de l’hôpital, le général afghan Ahmad Zia Yaftali, était soupçonné par des enquêteurs de l’armée afghane d’avoir détourné 153 millions de dollars de fournitures médicales dans son hôpital. Quelques mois plus tard, en décembre 2010, le général afghan était suspendu sans explication. Selon le New York Times, le patron de l’OTAN en Afghanistan, le général David Petraeus, était intervenu directement auprès du président afghan Hamid Karzaï. Mais les mauvais traitements dans l’hôpital n’ont pas pour autant cessé.
"IL M’APPELLE BILL"
Les officiers américains qui avaient sonné l’alarme auraient pu en rester là. Mais la réponse de leur hiérarchie à ces morts inutiles leur a paru insuffisante. Mardi, l’un d’entre eux, le colonel Gerald Carozza, un juriste militaire désormais retraité, a affirmé aux représentants que "le général [Caldwell] ne voulait pas que de mauvaises nouvelles émanent de son quartier général avant l’élection". Celui-ci,"comme de trop nombreux généraux, était trop porté sur le message [à faire passer], créant un climat étouffant pour ceux qui devaient faire face à la réalité", précise le colonel Carozza dans un témoignage écrit.
Le colonel Mark Fassl, inspecteur général au sein de la NTM-A, également auditionné mardi, a tenu les mêmes accusations. "Sa première réponse a été de demander comment on pouvait songer à faire une telle requête [à l’Inspection générale] à l’approche des élections", a-t-il raconté. "Puis il m’a fait cette remarque vraiment choquante : ’Il m’appelle Bill’". Le général faisait référence, selon son subordonné, au président Obama, qui l’appellerait par son prénom.
L’Inspection générale du Pentagone enquête sur les accusations à l’encontre du général Caldwell, dorénavant basé au Texas. Selon le Wall Street Journal, l’intéressé se défend en soutenant avoir été favorable à une enquête sur l’hôpital, qui devait selon lui être menée par des responsables afghans. Il illustre en cela les difficultés d’une armée américaine qui avance à marche forcée pour céder, d’ici à la fin 2014, l’essentiel de ses responsabilités à une armée afghane encore mal équipée, mal entraînée, divisée par les luttes de pouvoir et la corruption."
Louis Imbert
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