La bande de
Gaza : blocus, agressions et souffrance, mais pas de haine
Réalité d’une
région toujours occupée
Ziad Medoukh
C’est difficile de parler de moments de
joie à Gaza, même s’ils existent. J'aimerais parler de ces moments, et faire
connaître aux amis et aux solidaires la volonté remarquable de notre
population civile qui s’attache à la vie, continue d'y croire, continue
de rester digne sur sa terre, et confiante, malgré le blocus et la
souffrance. Mais, chaque fois, il y a des morts, des blessés, des attaques et
des agressions israéliennes qui touchent souvent les civils et qui
m’obligent à communiquer ces événements dans mes messages et mes articles.
J’essaie ,comme un simple citoyen
palestinien de Gaza, d’informer les mouvements de solidarité dans le monde
francophone et les amis, afin de partager notre peine, afin que nous
ne nous sentions pas seuls ou abandonnés dans la réalité atroce de cette
région toujours occupée et encerclée par une occupation qui veut écraser la
volonté extraordinaire et la patience exemplaire d’une population, cette
population qui veut la vie, qui persiste, qui résiste et qui garde espoir , une
population enfermée, agressée, souffrante, mais digne.
Je suis un citoyen qui souffre avec tous
les habitants des coupures d’électricité, du manque de beaucoup de
médicaments, de la pénurie de carburant, ces habitants qui éprouvent énormément
de difficultés à sortir de Gaza, mais qui ont décidé de rester
attachés à leur terre, aux côtés d’une jeunesse déterminée. Je
donne des témoignages, en toute objectivité, sur la réalité vécue par la
population, au quotidien, loin de la haine.
Malheureusement, actuellement, à Gaza,
c’est la souffrance, les difficultés, les bombardements, les incursions, les
agressions, la fermeture des frontières, le blocus israélien inhumain, et
l’absence de perspectives pour l’avenir.
Les forces de l’occupation ne veulent
pas laisser les Palestiniens de Gaza mener leur vie normalement, elles
rendent cette vie très difficile, elles essayent de provoquer les forces
de résistance par leurs agressions permanentes.
Ces agressions sont quotidiennes :
contre les pêcheurs, les paysans, incursions, destruction des arbres, des
maisons, arrestations des pêcheurs, réduction de la zone de pêche, remise
en place de la zone tampon.
On compte plus de 50 morts palestiniens
en pleine trêve depuis la dernière agression israélienne de novembre
2012 (contre deux israéliens tués) et plus de 1000 violations
israéliennes de cette trêve.
Les habitants de Gaza se font
assassiner, presque tous les jours, sans décence, par l’armée de l’occupation.
Il s’agit d’une politique délibérée, d'un mépris de la vie humaine.
Le problème est que
personne n'en parle, ni les médias, ni les organisations des droits de
l’homme, mais le plus grave aussi est que ceux-ci approuvent la version
israélienne
Des observateurs et des médias, voire
des personnes dites démocrates et progressistes, reprennent cette version.
Ils déclarent que les personnes assassinées à Gaza sont des
combattants et non des civils, et que les attaques et agressions
sont souvent des ripostes à des missiles et des roquettes lancées par des factions
palestiniennes contre les colonies israéliennes proches de la bande de
Gaza Mais les femmes, les personnes âgées, les enfants, les paysans, les
pêcheurs et les ouvriers qui ont été tués par l’armée israélienne sont-ils des
combattants ? Et de quel mouvement ou de quelle faction ?
On a vu lors des derniers raids
israéliens sur Gaza début mars 2014, comment les médias ont couvert ces
événements, et on a entendu l’Europe officielle s'élever
contre la chute de roquettes venues de Gaza, sans toucher
mot du blocus israélien qui entre dans sa huitième année : deux
poids, deux mesures !
On entend dire aussi que le blocus est
égyptien, ou que le gouvernement qui dirige Gaza est responsable de cette
situation! Ma réponse est simple : le blocus est 100% israélien, et
la punition israélienne veut atteindre les civils de Gaza. On a vu
que lors de deux attaques militaires israéliennes, en 2009 et 2012, ce sont les
infrastructures civiles qui ont été visées, comme les routes, la centrale
électrique et les usines.
Tout cela est révoltant, c’est de
l’injustice, c’est la haine de l’occupant, mais notre volonté est plus forte
que leur haine, nous avons choisi, nous, de rester à Gaza , en dépit de toutes
ces difficultés. Très attaché à la vie, on s’adapte, on construit, on
reconstruit, on vit simplement et on espère !
Nous avons appris de nos mères à
être tolérant, à n'avoir point de haine, et nous sommes en train de
transmettre ces principes à nos enfants.
On n’attise pas la haine, on informe, on
décrit la dure réalité, telle qu’elle est.
Nous avons choisi la vie et pas la
mort, nous préparons un avenir meilleur pour nos enfants, nous les
envoyons à l’école, nous leur enseignons la tolérance.
Les Palestiniens, en majorité, veulent
vivre en paix, mais les provocations, les attaques israéliennes d’une part et
les médias étrangers qui cherchent des clashes, ne montrent pas la vraie
réalité de Gaza.
Toutes les mesures de l’occupation
incitent les Palestiniens à la haine, mais les Gazaouis sont contre les
provocations, ils continuent de mener leur vie sous les menaces
israéliennes, ils gardent espoir, mais sans haine, malgré tout.
L’armée de l’occupation contrôle tout,
le ciel, la terre et la mer de Gaza, détruit une maison appartenant à un civil,
bombarde un quartier en pleine nuit, tue un adolescent qui se trouve à coté
d’une zone frontalière, blesse un pêcheur ou un paysan, attaque la seule
centrale électrique, interdit l'entrée des carburants. Alors, comment les
gens de l’extérieur si mal informés par leurs médias peuvent-ils nier cette
dure réalité ?
Les médias étrangers se
taisent quand un palestinien de Gaza qui manifeste pacifiquement est
tué, mais ils parlent quand il y a une attaque israélienne, riposte à un
missile lancé de Gaza. Ce missile ne fait pas de dégât, c’est une
façon symbolique de résister, mais il est utilisé par l’armée de l’occupation
pour assassiner, tuer, détruire et écraser la volonté remarquable
d’une population civile.
Pourquoi ces médias et ces gens ne
parlent-ils jamais du développement de la résistance par la non-violence
et des manifestations pacifiques de ces jeunes palestiniens de Gaza, souvent
réprimées par les forces de l’occupation israélienne ?
Ces gens qui nient la dure réalité
vécue par notre population civile ne savent pas ce qu'est une
occupation, une humiliation, ils ne savent pas ce que c'est de laisser un
patient mourir à un passage, ils ne savent pas ce que c'est d'attaquer la
seule centrale électrique et d'interdire l'entrée du fioul
et du carburant, ils ne savent pas ce que c'est de briser le rêve d’un
jeune qui voulait poursuivre ses études à l’étranger, ils ne savent pas ce que
c'est de n'avoir que six heures d’électricité par jour. Ajoutons à
cela les enfants qui effectuent des dizaines de kilomètres à pied
pour rejoindre leurs écoles car les moyens de transport sont paralysés, le
paysan qui risque sa vie pour chercher de quoi nourrir sa famille, le
pêcheur qui continue de pêcher malgré les menaces de mort, sous les
tirs de la marine israélienne dans la mer de Gaza, et maints exemples de ces
attaques et de ces provocations contre les civils..
Oui, pas de haine, même si toutes les
provocations israéliennes veulent nous pousser à la violence. Non,
notre combat n’est pas contre les juifs, ni les civils, notre vrai combat
est contre les colons et les soldats israéliens qui se trouvent de façon
illégale dans des territoires reconnus occupés par les Nations-Unies. Nous
voulons vivre en paix, mais une paix dans la justice.
Un dernier mot : la plume de paix
des Palestiniens est plus forte que le feu de haine des occupants, comme la
lumière de l’amour l’emporte sur les ténèbres de l’horreur.
Un seul mot aux gens qui nient toute
cette souffrance et cette réalité dure de Gaza : soyez humains.
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